Les voitures ou la nature. La route de Schirmeck et la piste cyclable longeant l'Ill sont les deux axes principaux qui traversent la Montagne-Verte. Deux voies quasiment parallèles et pourtant antagonistes. En partant de l’arrêt de tram Laiterie, même jour, même heure, Paul a emprunté l’axe routier, tandis que Messaline a suivi le cours de l’eau. Ils vous embarquent avec eux.
Un trajet bouché et risqué
18h30, jeudi 14 novembre. J’enfourche mon vélo à l’arrêt de tram Laiterie. Je tape "Auchan, Montagne-Verte", sur Google Maps. L’application m’indique une grande ligne droite à emprunter : la route de Schirmeck. Je passe d’abord sous le pont de l’autoroute. Nicolas Roy, un cycliste rencontré sur notre trajet, m'a mis en garde. En pédalant sur cette double voie, il a failli se faire renverser par une voiture qui se rabattait vers l’autoroute. Je choisis donc le trottoir au milieu de l’artère, bien qu’aucun marquage cyclable n’y figure.
Me voilà route de Schirmeck. Aucune bande cyclable. Les voitures roulent vite et je sens la pression des phares, presque à ma hauteur sur la gauche. Avant le carrefour de la rue de la Tour Verte, je trouve enfin une voie de bus, séparée de l’axe routier. Mais elle est discontinue et abîmée. Je saute sur ma selle et l’odeur des pots d’échappement me dérange. Après le croisement avec la rue du Schnokeloch, la route se rétrécit, et la voie de bus disparaît. Avec le trafic, je suis obligé de poser le pied et de frôler les voitures pour les dépasser. Quand elles redémarrent, j’ai peur d’être touché.
À l’arrêt de bus Bruche s’ouvre une bande cyclable, puis une piste dessinée sur le trottoir. Je pense être débarrassé des voitures, mais je les retrouve rapidement. Devant le Picard, un véhicule en warning est arrêté sur la piste. Plus loin, un autre bouche le trottoir à la sortie du Pro-Inter. Je slalome aussi entre les piétons et les vélos à contre-sens. Dommage que la proposition du collectif Transformons la place d’Ostwald ne figure pas au plan vélo de la métropole : une piste cyclable en site propre et à double sens de la rue de Friedolsheim jusqu’à Lingolsheim. Voilà une solution qui serait plus sécurisante.
Paul Marcille
Embarquez avec Paul au milieu du trafic de la route de Schirmeck. © Paul Marcille
Des pots d'échappement au grand air
18h30, jeudi 14 novembre. Même destination, trajet différent. Privilégiant la sécurité à la rapidité, je décide de passer par la piste cyclable qui longe l’Ill. Elle est large, séparée des voitures et des piétons. Les lampadaires automatiques s’allument à mon passage et éclairent le goudron. Les feuilles s’envolent derrière moi. Seul le bruit des chaînes perturbe le calme ambiant. La nuit m’empêche de profiter de la vue sur la rivière, mais je sens sa présence sur ma gauche.
Je passe sous le pont de la Montagne-Verte et je rejoins le quai du Brulig. Ici, je partage la route avec les voitures mais elles sont rares et obligées de rouler à 30km/h. Je peux appuyer sur les pédales et me faire plaisir. Je retrouve rapidement la piste des Quatre rivières qui débouche sur celle de Maurice-Garin. Je reste vigilante à l’intersection, car comme me l’a confié Kévin Le Barbier, un usager quotidien, aucun panneau ne donne la priorité à quiconque. Même refrain sur le quai de la Flassmatt lorsque je tourne à gauche et que je coupe la route aux cyclistes d’en face.
Je grimpe sur la passerelle du Murhof. Ici, des plaques ont été fixées sur les lattes abîmées. Problème : elles sont particulièrement hautes. Je lève ma roue avant pour éviter que ma jante tape. Je prends à droite et retrouve la rue de la Rivière. Comme il n’y a aucun aménagement pour les vélos, je dois zigzaguer entre les voitures. À cet endroit, la Ville envisage de vrais aménagements cyclables.
De retour sur la route de Schirmeck, adieu tranquillité chérie. Au final, j’ai mis 14 minutes pour rejoindre Auchan en passant par le canal. Autant que mon ami Paul via la route de Schirmeck. Le plaisir pris à pédaler est, en revanche, incomparable.
Messaline Hamon
Embarquez avec Messaline pour un trajet sur la piste cyclable qui longe l'Ill. © Messaline Hamon
© Messaline Hamon et Paul Marcille