Vous êtes ici

Le supermarché Auchan de la Montagne-Verte ferme ses portes le 30 novembre. Au grand dam des habitants, qui voient un pan de leur quartier s’envoler.

"Ça fait vingt ans que j’entends que le Auchan va fermer", ironise Nadia, une habitante du quartier de la Montagne-Verte. Mais cette fois c’est pour de bon. Le 9 novembre, le groupe de la grande distribution a annoncé la suppression de plus de 2 300 emplois et la fermeture de plusieurs magasins dans toute la France. Celui situé au 284 route de Schirmeck, dans le quartier de la Montagne-Verte, fait partie du lot. Il doit tirer le rideau le 30 novembre.

"C'est un bout de la vie du quartier qui s’en va avec cette triste décision. J’aimais bien venir ici. Le rayon des produits locaux était vraiment super pour faire attention à notre consommation, acheter des produits d’ici", affirme Laurent, encore hébété par la nouvelle. À quelques semaines de la fermeture, dans les allées, les rayons sont déjà dégarnis, avec des étagères et des palettes laissées vides. La fermeture est un choc pour les clients.

Mi-novembre, les rayons du Auchan de la route de Schirmeck commençaient à se vider.    © Alizée Grides

© Alizée Grides et Mathis Nicod

"Je suis très triste, c’est mon magasin préféré. Ils avaient un rayon sans gluten et ma fille ne mange que ça", déplore Imma Rosiello, une autre habituée.

De rares clients en profitent pour effectuer leurs derniers achats, déambulant dans un magasin presque désert mais encore paré d’affiches de promotions d’un rouge scintillant. "Moi j’avais créé ma petite routine, je venais ici après avoir posé les enfants à l’école. Ça fait bizarre de le voir dans cet état", sourit tristement Sabrina Picault, habitante du quartier.

Pour la cinquantaine de salariés aussi, la pilule est amère. Tous espéraient que leur magasin serait épargné. "Bien sûr que c’est

dur. Ça fait vingt ans que je travaille ici. C’est un coup de massue", regrette Linda*, hôtesse de caisse. Pour elle, le changement est radical. Transférée dans un autre magasin de Strasbourg, elle va devoir "faire environ 45 minutes de route au lieu de 10 actuellement pour aller travailler. Et je suis loin d'être la seule", explique t-elle exaspérée. "Au moins on garde notre emploi, se console l’un des employés, excepté quelques-uns ayant accepté une retraite anticipée."

Un avenir incertain

Les spéculations sur l’avenir des 4 500 m2 de surface de vente du magasin et du parking attenant vont bon train :  extension du parking, construction de logements,  installation d’un supermarché plus petit... Rien n’a encore été décidé, selon François Desrues, directeur de territoire à la mairie de Strasbourg, en charge de la Montagne-Verte. Le promoteur immobilier Vinci serait en lice pour le rachat du terrain en vue de la construction de logements. Pour François Desrues cela pourrait aussi être l’occasion de moderniser et d’étendre l'activité de la gare du Roethig en créant un lien entre les trains et le réseau de la compagnie des transports strasbourgeois. Ce scénario n’est pas au goût de tout le monde. "Ce serait bien qu’ils en profitent pour remettre de la verdure plutôt que de rebétonner", suggère une habitante.

Après la fermeture d'Auchan, les deux Pro-Inter seraient les seuls supermarchés du quartier. Une possible aubaine pour la chaîne qui pourrait récupérer de la clientèle. Pas sûr que tous les clients d'Auchan aillent chez la concurrence. "Ce n’est pas la même chose, pas les mêmes produits qu’à Pro-Inter", selon Madansing, un retraité habitant la route de Schirmeck depuis seize ans, qui venait toutes les semaines faire ses courses à Auchan.

Alizée Grides et Mathis Nicod

*Le prénom a été changé

Les clients expriment leur déception face à la fermeture de leur supermarché habituel. © Alizée Grides

Imprimer la page