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Entamé en 2020 par la municipalité, le projet "cours Oasis" ambitionne de végétaliser deux tiers des 113 écoles élémentaires et maternelles strasbourgeoises d’ici 2026. À la Montagne-Verte, les groupes scolaires se verdissent à leur rythme. Si les enfants de Gutenberg attendent les vacances de février pour les dernières plantations, ceux du Gliesberg et de Erckmann-Chatrian courent toujours sur du béton.

Dans la cour de l’école maternelle Gutenberg, le macadam a été remplacé par de l’enrobé souple et des parcelles recouvertes de copeaux. Les enfants pilotent un avion en bois, glissent sur le nouveau toboggan puis s’enfoncent dans le mulch. Ce changement de décor s’inscrit dans le projet "cours Oasis", impulsé par la majorité écologiste en 2020. 

"Favoriser le contact des enfants avec l’environnement. La terre, les animaux, les végétaux : l’éducation à la nature par la nature", explique Séverine Messelis, chargée de projet chez Éco-Conseil, association mandatée par la Ville pour accompagner les écoles. Alors que les prochaines années s’annoncent de plus en plus chaudes, les nouveaux espaces de récréation prévoient des îlots de fraîcheur avec des sols absorbant mieux la chaleur et permettant l’infiltration des eaux de pluie. Les deux-tiers des 113 écoles élémentaires et maternelles strasbourgeoises sont concernées d'ici 2026. Pour l’élémentaire Gutenberg, le coût des aménagements s’élève à 580 000 euros, 300 000 euros pour la maternelle.

Plan des aménagements de la nouvelle cour de l'école maternelle Gutenberg. © Quentin Baraja et Laurent Offerle-Guillotin

 

En attendant de tester leur efficacité lors des épisodes caniculaires, les nouvelles cours de Gutenberg offrent depuis la rentrée 2024 un tas de possibilités pédagogiques qu’apprécie la directrice des maternelles, Sophie Lichtlé : "Cette semaine, on a fait une chasse au trésor et un atelier découpage avec des éléments naturels." Cabanes et tables de pique-nique sont investies par les élèves qui se baladent désormais sur des pavés joints enherbés et s’amusent sur leurs plans de travail en bois.

Ces nouveaux terrains de jeu sont le résultat d’un an de concertation autour de sept ateliers entre la Ville, Éco-Conseil et le "comité de cour" composé de la direction de l’école, d’enseignants, de responsables du périscolaire, de parents d’élèves et du responsable technique de site. Trois délégués élèves ont également participé à plusieurs séances : "Ils prennent leur rôle très au sérieux. Ils ont vraiment bien travaillé", sourit la directrice de l’élémentaire de Gutenberg, Sandrine Elles.

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La cour de la maternelle Gutenberg a été végétalisée pour la rentrée. © Quentin Baraja

Le résultat est convaincant pour Aimy, en CE2 : "Il y a plus de jeux, c’est cool. Avant, on s’ennuyait, il n’y avait pas assez de cachettes pour jouer à cache-cache." D’après Séverine Messelis, la reconfiguration de l’espace de jeu offre un bénéfice inattendu : "Des retours qu’on a eus, le volume sonore et l’agitation diminuent."

Gliesberg et Erckmann-Chatrian en bonne voie

Les 350 élèves du groupe scolaire du Gliesberg devront patienter jusqu’en septembre 2025, date de livraison des deux nouvelles cours. Piste de course et but de football seront remplacés par un vaste îlot vert, futur voisin de l’actuel panier de basket. De quoi entourer les deux maigres tilleuls à petites feuilles aujourd’hui cernés par le bitume. "Ça avance très bien, le projet fonctionne tout à fait", salue Gaylord Nordin, le directeur de l’école élémentaire. Après quatre ateliers, une première esquisse a été présentée au comité de cour.

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Le jardin de l’école primaire Erckmann-Chatrian borne la cour bétonnée. © Laurent Offerle-Guillotin

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La cour de l’école élémentaire du Gliesberg attend d’être végétalisée. © Camille Carvalho

Avant de profiter de leur oasis, la maternelle et l’élémentaire Erckmann-Chatrian doivent achever leur traversée du désert. Dans un établissement où les effectifs ont presque doublé entre 2010 et 2017, l’heure est au gros-œuvre. Les 246 "petits" et les 399 "grands" vont encore cohabiter dans un même bâtiment et les préfabriqués au milieu de la cour de récréation pendant quelques années. En attendant la fin des travaux, prévue pour 2028, la directrice de l’école élémentaire se réjouit de recevoir trois cours végétalisées. "Des espaces vallonnés, des sols hybrides, on va arrêter de cuire sur le béton !" se projette Hélène Delarchand, plans à la main.

Un potager en attendant la cour 

Responsables d’un jardin de 25m2, les élèves de l’élémentaire Erckmann-Chatrian sont de vrais botanistes en herbe. Sous la houlette de Pembe Duman, Accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) et animatrice périscolaire, trois CE2 ont été désignés référents du jardin : "On leur enseigne la patience, ils font tout, de la préparation du sol jusqu’à la dégustation en guise de récompense." Plantes aromatiques ou grimpantes, fruits et légumes parsèment cet espace semi-clos que tout le monde respecte, même si "les CP ont voulu dévorer nos framboises", brocarde Clément, 8 ans. Dans leur future cour végétalisée, Jade et David voudraient "un potager plus grand" mais aussi "des fleurs à la cantine". Pour ces élèves qui n’ont pas de jardin chez eux, hors de question de poireauter d’ici la cour végétalisée. 

 

Quentin Baraja et Laurent Offerle-Guillotin

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