Au Molkenbronn, dans la partie la plus à l'ouest de la Montagne-Verte, des déchets s’accumulent dans les rues, malgré les nombreuses poubelles et bacs de tri à disposition. Pour les sensibiliser à cette pollution et au risque de nuisibles, l’association VoisinMalin va à la rencontre des habitants.
Une poussette, des cartons, des sacs poubelles, un matelas qui s’amoncellent sur l’asphalte. Ce genre de dépôt sauvage n’est pas rare au Molkenbronn. Au fond de la rue de Thal, c’est un parking jonché de déchets qui se dévoile à côté d’un immeuble. Un triste constat pour Diakaryaou Soumare, riverain du quartier et membre de l'association VoisinMalin. Cet après-midi-là, il part visiter les habitants du numéro 5 pour les sensibiliser à la gestion des déchets.
Le premier contact commence toujours par un grand sourire et un "ça va ?". Puis, images à l’appui, il les questionne sur leurs pratiques : "Avez-vous l’habitude de voir des déchets sur le sol ? Des ordures dans les communs ? Donnez-vous du pain aux animaux sauvages ? Avez-vous déjà vu des rats ?" Mais sur les six habitants rencontrés ce jour-là, seule une dame âgée accepte de lui répondre. "Ça dépend des gens et du moment, explique Diakaryaou Soumare, certains sont désintéressés par le sujet, ou juste trop occupés. Mais parfois ils prennent le temps de discuter et m’offrent le café."
À la fin de la visite, l’intervenant remet un prospectus avec quelques conseils pratiques et le numéro du service de ramassage gratuit des encombrants assuré par la Ville. Le porte-à-porte lui prend trois heures par semaine, payées environ 25,50 euros net, en parallèle de sa formation pour une réorientation professionnelle. Cette mission lui tient particulièrement à cœur : "Sensibiliser les habitants à une bonne gestion des déchets, c’est œuvrer à un bon vivre-ensemble dans le quartier." Pour Anne Dugué, responsable de l’antenne strasbourgeoise de VoisinMalin, l’association sert aussi à "recréer un lien entre institutions et habitants, quand ces derniers se sentent oubliés ou en manque de légitimité". En effet, cette sensibilisation répond à une demande de la Ville de Strasbourg. L’association a remporté l’appel d’offres lancé en 2023, touché une subvention de 15 000 euros et a commencé ses actions début 2024.
Diakaryaou Soumare arpente la rue de Thal. © Emilien Martin
La sensibilisation aux déchets s'affiche au 5 rue de Thal. © Thomas Ancelin
Un premier pas vers l’embellissement
À la Montagne-Verte, seule la rue de Thal est concernée : les immeubles qui s’y trouvent sont la propriété d’ICF Habitat (appartenant à la SNCF), seul bailleur à subventionner VoisinMalin sur cette mission. Landry Schaerer, gestionnaire de bâtiments ICF à Strasbourg, salue ce type d’initiatives mais encourage la municipalité à plus communiquer sur les déchets. "Les affiches dans les halls d’entrée pour dissuader les dépôts sauvages et le nourrissage des animaux sauvages ne suffisent pas", affirme-t-il. Le gestionnaire insiste aussi sur "l’autogestion de la propreté du quartier par les habitants face aux risques hygiéniques mais aussi sécuritaires", quand ces tas de déchets encombrent les issues de secours.
Une situation qui a parfois pour effet de générer des tensions. Selon une habitante de la rue de Thal contactée par téléphone, "c’est un sujet délicat. Je n’ose pas en parler à mes voisins par peur de créer des conflits." Elle regrette également que les éboueurs ne passent plus qu’une fois par semaine, contre deux par le passé.
Pour François Desrues, directeur de territoire à la mairie de Strasbourg, "il y a du mieux" concernant la gestion des déchets : les bacs de tri installés il y a peu dans le quartier ont déjà fait leurs preuves au Murhof, l’autre quartier prioritaire de la Montagne-Verte. Le Molkenbronn connaîtra-t-il la même embellie ? "C’est une question de temps", assure François Desrues.
Axel Guillou et Emilien Martin
Les dépôts sauvages de déchets s'accumulent devant un bac de tri rue de Singrist. © Thomas Ancelin
La gestion des déchêts au Molkenbronn. © Axel Guillou et Emilien Martin