29 février 2024
Les débats incertains sur l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza
Le mardi 27 février, les eurodéputés ont débattu sur la situation dans la bande de Gaza. Ils sont revenus en particulier sur la polémique autour de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Israël accuse en effet douze de ses membres d’être impliqués dans les attentats du 7 octobre.
L’agence onusienne dépend fortement de l’Union européenne (UE) qui est sa principale donatrice. Entre 2021 et 2023, celle-ci lui a versé 281 millions d’euros. Suite aux accusations israéliennes, la Commission européenne a donc demandé l’ouverture d’une enquête pour décider de l’éventuelle suspension du financement de l’UNRWA. Sept États européens - dont la France, l’Italie et l’Allemagne - ont déjà interrompu leur contribution. Une décision saluée par l’eurodéputée belge Assita Kanko (ECR, conservateurs) qui a appelé de ses vœux « l’arrêt des financements et la création d’une nouvelle agence pour l’aide humanitaire à Gaza ».
L’eurodéputée suédoise Abir Al-Sahlani (Renew, libéraux) s’est couverte la main de rouge pour dénoncer la situation humanitaire dans la bande de Gaza. ©EP
Mais d’autres eurodéputés, tel l’écologiste espagnol Jordi Solé, ont eux appelé à la poursuite du financement européen. « Il ne faut pas asphyxier l’UNRWA », a-t-il mis en garde.
Invité au débat, Janez Lenarcic, commissaire européen de la Gestion des crises, a insisté sur l’importance de cette agence. « Il faut qu’il y ait une responsabilité individuelle et non collective car l’Unrwa est irremplaçable », a-t-il déclaré à la fin des débats. En attendant la fin de l’enquête, les versements de l’UE devraient donc se poursuivre.
Camille Fraioli
Les eurodéputés sont encore victimes d’espionnage
Des logiciels malveillants ont été découverts récemment sur le téléphone d’eurodéputés. Le plus connu d’entre eux : Pegasus. Une arme espionne développée par la société israélienne NSO capable d’accéder aux fichiers, messages, photos et appels téléphoniques. Les dernières attaques, ciblant des eurodéputés détenteurs d’informations relatives à la sécurité et aux armes livrées en Ukraine, ont suscité une forte inquiétude et de la colère chez les parlementaires. Le 27 février, ils ont eu l’occasion de pointer l’inaction de la Commission européenne. « Il faut que l’on soit protégé par des lois. Quand allez-vous enfin agir ? » s’est emporté l'eurodéputé Giorgos Georgiou (The Left, extrême-gauche).
Ce qui agace, c’est que la Commission ne fait toujours rien malgré les requêtes répétées pour un meilleur encadrement législatif ainsi qu’une protection plus performante. « Encore une fois des eurodéputés ont été espionnés et nous débattons encore une fois de ce que devrait faire la Commission », a lâché d’un air las Hanne Heide (S&D, sociaux-démocrates). « Nous avons déjà demandé à plusieurs reprises que des mesures soient prises et de suivre les recommandations des parlementaires », a-t-il poursuivi.
Des contrôles réguliers de téléphones d’eurodéputés ont été mis en place, ce qui avait permis de découvrir les logiciels espions. Mais à trois mois des élections, cela ne suffit plus. Un audit interne consulté par POLITICO avance que la cybersécurité du Parlement européen « n’a pas encore répondu aux normes de l’industrie et n’est pas tout à fait conforme au niveau des menaces. »
Aryel Camus
Une nouvelle aide financière pour l’Ukraine
Mardi 27 février, le Parlement européen a approuvé un nouveau soutien financier de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. Celui-ci est composé de 17 milliards d’euros de subventions et de 33 milliards d’euros de prêts. Le 1er février dernier, le Conseil de l’Union européenne avait débloqué cette enveloppe dans le cadre d’une révision du budget européen pour la période 2021-2027.
Ces 50 milliards d’euros s’ajoutent aux plus de 85 milliards d’euros que l’Union et ses États membres ont déjà mobilisés pour venir en aide à l’Ukraine. « C’est l’Ukraine qui verse son sang face à l’impérialisme », a assuré Krzysztof Brejza (PPE, droite) : « Cette aide, c’est pour la reconstruction du pays. »
Si la majorité des eurodéputés s’est félicitée du soutien sans faille apporté à l’Ukraine depuis l’agression russe du 24 février 2022, quelques-uns se sont inquiétés néanmoins de la corruption massive en Ukraine et du manque de transparence sur l’utilisation des aides européennes. « Nous sommes pour financer la paix mais il faut vérifier que les fonds ne vont pas n’importe où », a martelé Mick Wallace (The Left, extrême gauche).
La première tranche de cette nouvelle aide européenne sera versée à l’Ukraine en mars. Elle servira à soutenir l’effort de guerre mais aussi à préparer la reconstruction et la relance de l’économie.
Clara Gross
L’Union européenne met en place une gestion plus stricte de l’exportation de ses déchets
Ce mardi 27 février, le Parlement a adopté à une large majorité une réforme des règles européennes en matière d’exportation des déchets. L’Union européenne est un acteur important du commerce mondial d’ordures. En 2020, 32,7 millions de tonnes de détritus ont été exportés vers des pays tiers, ce qui représente 13 milliards d’euros. « La loi révisée apportera aux Européens une plus grande certitude que nos déchets seront gérés de manière appropriée, quel que soit l’endroit où ils sont expédiés », estime la rapporteuse du dossier et eurodéputée Pernille Weiss (EPP, droite).
L’interdiction d’exportation des déchets plastiques en dehors de l’OCDE est la mesure phare de la réforme. Jusqu’ici, les pays européens pouvaient exporter une partie de leurs déchets vers des pays aux normes environnementales moindres, notamment en Asie du Sud-Est, sans avoir à s’inquiéter des conditions de traitement sur place. Avec la mise en place de règles plus strictes, l’Union européenne entend aussi lutter plus efficacement contre le trafic illégal de déchets.
La nouvelle législation concerne également les transferts au sein de l’UE. En 2020, 67 millions de tonnes de déchets ont circulé entre les Etats membres. Une plateforme électronique centralisée va être mise en place pour renforcer la coordination et le suivi. Les déchets destinés au recyclage pourront continuer à être échangés sans entrave dans l’Union, ce qui contribue à alimenter l’économie circulaire. A contrario, des restrictions sont prévues pour le transport des résidus à éliminer : plus question de se débarrasser de ses ordures dans un pays voisin.
Louisa Chausse-Dumont