15 mai 2020
Le Parlement européen a approuvé le 13 mai un accord de réadmission des personnes en situation irrégulière avec la Biélorussie. La question du respect des droits fondamentaux par ce partenaire inhabituel a été au cœur du débat.
Le 13 mai, le Parlement européen a approuvé un accord négocié depuis plusieurs années entre l’Union européenne et la Biélorussie. Une première avec cette ex-république soviétique dont le régime dictatorial est régulièrement dénoncé par les ONG de défense des droits de l’Homme.
L’accord allège la procédure et le coût de délivrance des visas pour les ressortissants biélorusses et européens. Il crée par ailleurs une procédure de réadmission des personnes en situation irrégulière. Chaque État membre pourra désormais expulser tout individu se trouvant illégalement sur son territoire si celui-ci a auparavant séjourné en Biélorussie, et réciproquement. Déjà ratifié par la Biélorussie, le texte entrera en vigueur courant juillet.
Polémique sur les droits de l'Homme
Bien que largement adopté (560 voix contre 117 avec 13 absentions), le volet relatif aux réadmissions a suscité une vive opposition des eurodéputés des groupes des Verts et de la GUE (gauche anti-libérale). "L’accord concerne aussi les ressortissants de pays tiers." explique l'eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Les Verts). "Au vu des atteintes à l’État de droit en Biélorussie, on n’a pas l’assurance que les droits des réfugiés clandestins seront respectés."
Un faux problème pour l’eurodéputé bulgare Peter Vitanov (S&D, sociaux-démocrates) puisque "l’Union se garde le droit de mettre fin à l’accord au premier impair". Les partisans de cette entente préfèrent mettre en avant son intérêt géostratégique. La Biélorussie est économiquement dépendante de son voisin russe, dès lors, "refuser cet accord, c’était le meilleur moyen de laisser la Russie gagner en influence dans la région", affirme Peter Vitanov.
Cette stratégie s’inscrit dans la droite ligne du "dialogue critique", auquel s’astreint l’Union européenne depuis plusieurs années pour proposer à son voisin oriental une alternative diplomatique à la Russie.
Enzo Dubesset