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Les eurodéputés fixent leurs priorités pour l'après-Brexit


13 février 2020

Le Parlement européen a adopté mercredi 12 février une résolution sur le mandat de négociation de l’Union européenne avec le Royaume-Uni. La pêche et les services financiers font partie des priorités évoquées lors des débats.

"Il faut continuer à parler du Royaume-Uni comme un partenaire et non comme un concurrent commercial." L’eurodéputé Barry Andrews (Renew Europe, centre libéral) a résumé, mardi 11 février, l’ambition des parlementaires pour la définition des futures relations avec le Royaume-Uni. Le débat a donné lieu mercredi à l’adoption d’une résolution par 543 voix contre 39 fixant les lignes rouges du Parlement européen, devant Michel Barnier. Présent dans l’hémicycle lors des discussions, le négociateur en chef de l’Union européenne a rappelé l’issue possible des prochaines négociations : "Si nous ne trouvons pas d’accord, ce ne sera pas le statu quo." Après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier, les deux parties ont en effet jusqu’au 31 décembre pour définir leurs futures relations, notamment commerciales.

Michel Barnier a réagi aux propos des eurodéputés. © Léa Giraudeau

Michel Barnier et les eurodéputés se sont accordés sur un point : le Royaume-Uni est un partenaire stratégique et doit le rester. Mais pas à n’importe quel prix. "Je continuerai, avec détermination, à défendre l’intégrité du marché unique", a martelé le Français. Dans l’hémicycle, les questions de la pêche et des services financiers ont marqué les débats sur les contours d’un futur accord.

L’accès aux eaux renégocié ?

Premier sujet qui a inquiété les députés dans l’hémicycle : la pêche. Michel Barnier l’a rappelé lors du débat : "L’accès réciproque des eaux territoriales et des marchés sera un point indissociable de l’accord de commerce." "La question de la pêche est certainement le problème le plus urgent du dossier du Brexit", abonde Manuel Pizarro, député (S&D, sociaux-démocrates).

Le sujet est sensible. Les Britanniques vendent 80 % de leurs prises vers l’UE. Les stocks européens proviennent pour leur part à 40 % des eaux territoriales britanniques. Mais pour l’instant, "personne ne sait quelle sera la position du côté britannique", note Izaskun Bilbao Barandica, eurodéputée espagnole (Renew Europe, centre libéral). "Les effets de cette incertitude sont pires pour le Royaume-Uni que pour l'Union européenne qui reste le meilleur partenaire des Britanniques”, poursuit-elle.

Tout comme les députés, les syndicats européens se montrent intransigeants sur la préservation des principes de la Politique commune de la pêche (PCP). "Aujourd’hui, les stocks maritimes communs se portent bien et leur gestion est impeccable. Ça nous a pris du temps pour les organiser. Le système ne doit pas changer, réclame Gerard van Balsfoort, président de l'Alliance européenne de la pêche (Eufa). Si l'on continue à se battre sur des questions de quotas, on ne pourra pas avoir de réel accord."  Les quantités de poissons dans les stocks communs, jusque-là réparties équitablement entre les États membres se verront renégociées par le Royaume-Uni.

Cette carte définit les limites des eaux territoriales du Royaume-Uni et de l'Union européenne. ©  House of Lords

Services financiers, point sensible

Si les députés se sont montrés inquiets sur la pêche, Michel Barnier a surtout insisté sur la question des services financiers qui regroupent les produits liés aux moyens de paiement ou la gestion de l’argent. Les produits financiers représentent 20 % des échanges entre Londres et Bruxelles, et 7 % du PIB britannique.

Quel avenir se dessine alors pour la City londonienne ? Jusqu’au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni bénéficie de "passeports" qui permettent aux banques et assurances de vendre leurs services financiers aux Européens. Sans eux, Londres ne disposera plus de cette même liberté. La solution pourrait alors être d’offrir aux acteurs financiers britanniques des droits proches du "passeport" européen. Regroupés sous l’appellation de "régimes d’équivalence", ces droits permettraient aux Britanniques de continuer à vendre certains services financiers sans autorisation des États européens. Cette solution régit déjà les relations entre l’UE et des pays tiers comme le Canada ou le Japon, quitte à froisser ceux qui réclament un statut taillé sur mesure pour le Royaume-Uni. "Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas avec les Britanniques", a commenté Michel Barnier. Pour rendre l’option viable, les réglementations britanniques doivent toutefois respecter celles de l’UE.

Cette mise en garde intervient au lendemain d'une prise de position du gouvernement britannique sur le sujet. "Nous ne suivrons plus les règles fixées par d’autres mais nous respecterons les normes internationales les plus élevées dans la réglementation financière", avait ainsi écrit Sajid Javid, ministre des finances britanniques de Boris Johnson, dans une tribune publiée par le journal économique londonien City AM, mardi 11 février. 

Les États membres doivent encore autoriser Michel Barnier et son équipe à négocier mardi 25 février. Si tel est le cas, les discussions débuteront en mars prochain entre Bruxelles et Londres.

Manal Fkihi et Clément Aubry

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