14 mars 2019
Mardi 12 mars, le Parlement européen a adopté le règlement qui établit le Corps européen de solidarité pour la période 2021-2027. Doté d’un budget de 1,26 milliard d’euros, le dispositif inclut désormais les opérations humanitaires.
Inciter les jeunes à mener des actions solidaires, c’est l’objectif du Corps européen de solidarité (CES), un programme qui sera reconduit en 2021 pour une période de 7 ans. Mardi 12 mars, le Parlement européen a approuvé la nouvelle mouture du dispositif. Avec un budget de 1,26 milliard d’euros, soit trois fois plus qu’auparavant, le CES donnera aux jeunes européens l’opportunité de s’engager dans des actions humanitaires à l’international.
Créé en 2018 à l’intention des 18-30 ans, le CES se déclinait jusqu’ici en deux volets : le bénévolat d'une part, les stages et emplois d'autre part. Sur proposition de la Commission européenne, le nouveau mécanisme contiendra désormais également un volet humanitaire. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, avait annoncé la couleur, dès 2016, lors de son discours sur l’état de l’Union. En dévoilant la création du CES, il avait assuré que les jeunes pourraient alors « développer leurs compétences, avoir un travail et aussi vivre une expérience humaine de grande valeur ».
Fusionner les programmes d’aide humanitaire
Avec cette nouvelle version, les ressortissants européens pourront s’engager dans des opérations humanitaires, au sein de l’UE et dans des pays tiers. Ils pourront notamment agir pour la protection de l’environnement, la prévention des crises ou l’accueil des réfugiés.
Concrètement, le CES intégrera deux programmes européens déjà existants : le Service volontaire européen (SVE) et l’Initiative des volontaires de l’aide l’UE (ou Corps volontaire européen de l’aide humanitaire). Le premier permettait aux jeunes de moins de 30 ans de s’engager dans l’UE alors que le deuxième, accessible à tous, gérait des projets d’aide humanitaire dans le monde entier. « Ils ont tous les deux eu un succès mitigé », explique l'eurodéputé chypriote Eleni Theocharous (ECR, souverainistes). « En 2017, le nombre de volontaires était insuffisant et les organisations partenaires n’ont pas fourni les efforts nécessaires. »
La réforme du CES entend répondre à ces faiblesses. L’obtention du “label de qualité”, une certification qui autorise les organismes à participer au programme, sera simplifiée. L’accent est aussi mis sur la visibilité du dispositif. « Nous allons investir les médias sociaux et mettre en place des ambassadeurs européens », indique la rapporteure du projet, l'eurodéputée tchèque Michaela Šojdrová (PPE, chrétiens démocrates).
S’ouvrir aux plus âgés
Dans sa proposition initiale de juin 2018, la Commission européenne avait appelé à la mise en place d’un CES réservé aux Européens de moins de 30 ans. Mais les eurodéputés ont souhaité abolir cette limite d'âge pour le volet humanitaire. « Pour répondre à la croissance des crises, notamment dues aux catastrophes climatiques et aux guerres, il faut des personnes expérimentées », juge l’eurodéputé espagnol Enrique Guerrero Salom (S&D, sociaux démocrates).
L'eurodéputée tchèque Michaela Šojdrová (PPE, chrétiens démocrates) est la rapporteure du projet © Clara Guichon
Plus de 12 000 jeunes ont déja particpé à des activités du Corps européen de solidarité. © Clara Guichon
Un avis que partage Pierre Soëtard, directeur des programmes de France Volontaires, une plateforme de volontariats internationaux : « Les adultes sont en demande de projets de volontariat, en témoigne l’adhésion que suscitent nos programmes seniors, atteste-t-il. Et si l’on regarde la pyramide générationnelle, on peut s’interroger sur la politique européenne... »
Le débat sur l’ouverture des opérations humanitaires aux plus de 30 ans n’est pas tranché. La Commission européenne a indiqué qu’elle était encline à la négociation. Pour l’heure, les Etats membres doivent encore valider les aspects budgétaires du nouveau CES.
Clara Guichon et Robin Magnier