18 décembre 2007
Le ministre de l'Agriculture observera avec attention les avancées en matière de protection civile. En 2006, il avait rendu un rapport préconisant la création d'une force européenne d'intervention en cas de catastrophe.
«Améliorer la prévention des crises en Europe sera l’une des priorités de la présidence française», a déclaré Michel Barnier, le 13 décembre à Bruxelles en marge du sommet européen.
Le lendemain, les conclusions de la présidence portugaise se sont félicitées de l’adoption au mois de novembre d’une nouvelle législation sur la protection civile. Il s’agit de la mise en place d’unités spécialisées appelées «modules» dont l’objectif est de rassembler les éléments nécessaires à la gestion d’un risque précis. Pour les incendies par exemple, des ensembles comprenant camions, canadairs, hélicoptères, etc., seront constitués par certains pays. Une première étape conforme à la vision exprimée par Michel Barnier dans le rapport «Pour une force européenne de protection civile : europe aid» qu'il a présenté en mai 2006. «Il faut absolument mutualiser les moyens nationaux qui existent : pompiers, infirmiers électriciens... afin qu’en cas de grandes catastrophes, nous puissions agir ensemble. Il faut se préparer aux crises plutôt que d’improviser», souligne l’ancien ministre des Affaires étrangères, encore marqué par le tsunami de décembre 2004 en Asie du sud-est.
A l’heure actuelle, l’essentiel du système européen de réponse aux crises repose sur le Monitoring information center (MIC), une cellule d’information qui fonctionne 24 heures sur 24.
Lorsqu’un Etat frappé par une catastrophe naturelle fait appel à la solidarité européenne, c’est dans cette petite salle située au coeur de la Commission que retentit l’alerte. Dans les secondes qui suivent celle-ci, un fax est envoyé aux trente ministères de l’Intérieur des pays membres du dispositif européen de protection civile (les 27 Etats membres, la Norvège, le Lichtenstein, et l’Islande).
Les pays volontaires se font alors connaître et annoncent par exemple l’envoi de deux canadairs, de 60 pompiers ou encore de 400 kg de médicaments. Le MIC coordonne l’ensemble, mais agit dans l’urgence et sans aucune planification.
« Les Français devront être réalistes et avancer pas à pas »
Ce manque de préparation a largement été commenté lors des incendies qui ont ravagé les forêts grecques l’été dernier.
«Dans ma proposition qui est soutenue par la France, il y a l’idée de transformer le MIC. C’est une structure très souple, qui fait bien son travail mais qui intervient après la catastrophe pour dire «qu’est-ce que vous êtes prêts à mettre à disposition du pays qui est touché ?» Ce qu’il faudrait c’est un centre opérationnel à Bruxelles avec des experts qui préparent les protocoles de réponse aux crises. Je souhaite que la Commission fasse des propositions dans ce sens», poursuit Michel Barnier.
Stavros Dimas, commissaire à l’Environnement, avait annoncé le 22 novembre dernier, lors du forum de protection civile auquel assistait Michel Barnier, que la Commission s’apprêtait à faire de nouvelles propositions. «On peut par exemple envisager la création d’un centre de formation et d’entraînement, la mise en place de consuls européens... indique Martijn Quinn, membre du cabinet de Stavros Dimas, en charge de la protection civile. Nous allons nous appuyer sur les propositions du plan Barnier qui est la seule vraie réflexion en la matière. Mais les Français devront être réalistes et avancer pas à pas», prévient-il.
Anne-Louise Sautreuil à Bruxelles
«Lex Paciferat». Que la loi conduise à la paix. Telle est la devise de la force de gendarmerie européenne (FGE) qui est un exemple de coopérations mixtes, civiles et militaires, encouragées par le nouveau traité européen et souhaitées par la France. Elle effectue actuellement sa première mission en Bosnie-Herzégovine. D'ici janvier, près de 130 hommes de cette unité, composée de gendarmes français, espagnols, portugais, italiens et néerlandais, seront déployés en Bosnie, douze ans après la fin de la guerre. Ils auront pour tâche le maintien de l'ordre, la recherche de renseignements et la lutte contre le crime organisé. Dernièrement, la FGE a mis en place l'état-major à Sarajevo.
Pour cette mission, trois pays ont rejoint les cinq membres de la FGE : la gendarmerie militaire polonaise, qui a un statut de partenaire, et les gendarmeries roumaine et turque, candidates au statut d'observateur. La Lituanie a fait une demande officielle en avril 2007 pour obtenir le statut d'observateur au sein de la FGE. Mais pour le moment, aucune décision n'a été prise. Selon le lieutenant-colonel Fabrice Grandi, «la France pourrait éventuellement profiter de la future présidence de l'Union pour mettre en avant le concept de la FGE dont elle est à l'origine. Dans cette éventualité, si ses efforts sont positivement accueillis par les 27, cela pourrait alors se traduire concrètement par un second engagement opérationnel de la FGE en 2008-2009.»
Un atout pour la PESD
La force de gendarmerie européenne, créée en 2004, est née officiellement le 18 octobre 2007 lors de la signature du traité de la FGE par les ministres de la Défense des cinq pays fondateurs. «Cette signature constitue une avancée fondamentale pour doter l'Union européenne d'un instrument conjoint de riposte policière aux scénarios de crise», a déclaré Rui Pereira, le ministre de l'Intérieur portugais. L'atout principal de la FGE : la possibilité de déployer une force de réaction rapide de 800 hommes dans un délai maximum de 30 jours, au profit de l'Union, ou sous mandat de l'Otan, de l'ONU, ou d'une coalition. Initiée par la France, cette structure dispose d'un état-major permanent basé à Vicenza, en Italie. Pour Karl von Wogau, président de la commission défense du Parlement européen, cette force est une initiative très utile. «Dans des situations comme celle en Bosnie, c'est très important qu'il y ait des gendarmes avec une formation policière et militaire. En Allemagne, nous avons une autre tradition, avec une séparation entre la tâche du policier et du soldat.»
Emmanuelle Ferrandini à Paris