11 mars 2020
Quatre mois après son investiture, la Commission Von der Leyen a présenté, mardi 10 mars, à Bruxelles, une stratégie industrielle très attendue.
La nouvelle stratégie industrielle de l'Union européenne a été présentée en conférence de presse par la Commission. De gauche à droite : Margrethe Vestager, Vladis Dombrovskis et Thierry Breton. © EUROPEAN UNION 2020
Quatre mois après son investiture, la Commission Von der Leyen a dévoilé, mardi 10 mars, à Bruxelles, une stratégie industrielle très attendue. Malgré l’allègement de la plénière en raison de coronavirus, elle a tenu à présenter ses principales mesures par le biais de trois commissaires : Thierry Breton en charge du marché intérieur, Vladis Dombrovskis, des affaires économiques, et Margrethe Vestager, de la concurrence.
Premier axe de la stratégie : mieux armer l’Union européenne contre ses concurrents en facilitant l'émergence de champions européens dans le respect des principes de la libre-concurrence. “Par le biais de règles de concurrence claires il serait important d’avoir des leaders”, a annoncé Thierry Breton. Et Margrethe Vestager d’abonder : “Nous allons créer des champions très forts en donnant à chacun une force égale”.
La Commission s’était pourtant opposée en 2019 à la fusion entre Alstom et Siemens craignant une situation de monopole mettant en péril la concurrence libre et non faussée au sein du marché unique. Cette affaire a mis en exergue les tensions inhérentes à la construction européenne. Historiquement, celles-ci opposent “les tenants d’une politique industrielle volontariste, visant à développer des champions européens, et d’autres plus soucieux de préserver les règles de la concurrence”, note Julie Pellegrin, économiste au Center for industrial studies.
Les PME au centre de la stratégie industrielle
La deuxième priorité de cette nouvelle stratégie industrielle consiste en un meilleur soutien aux petits acteurs économiques, les PME. Pour cela, la Commission opte pour une approche écosystémique prenant en compte l’ensemble des acteurs d’un marché : les grands groupes, bien sûr, mais aussi les sous-traitants, les services et la recherche. Une nouvelle démarche que le député français Christian Ehler (PPE, droite) " accueille très favorablement ". Mais pour certains, les annonces suscitent des regrets. " La stratégie industrielle ne fixe pas d’objectifs contraignants en matière de développement durable et de décarbonisation ", déplore ainsi l'eurodéputée allemande Henrike Hahn (Les Verts). Pour la Commission, il reste désormais à convaincre les eurodéputés du bien-fondé de sa nouvelle politique industrielle, dès qu'une nouvelle session plénière du Parlement européen aura été reprogrammée.
Romain Cazé et Myriam Mannhart