10 mars 2022
Les eurodéputés ont débattu des SMS controversés entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, et Albert Bourla, PDG du géant pharmaceutique américain Pfizer. Ces messages traitaient de l’achat de 1,8 milliard de doses de vaccin à 19,50€ l’unité, soit 35 milliards d’euros. La Commission européenne a refusé de rendre public l'accès à ces sms. La médiatrice européenne Emily O’Reilly a demandé au cabinet de la présidente de les retrouver et d’en révéler le contenu. Pour la gendarme des institutions européennes, les textos peuvent faire l’objet d’un contrôle. Toutefois, la législation de 2001 sur l’accès aux données ne prend pas en compte ces nouveaux canaux. C’est un argument qu’a mis en avant la Commission, soulignant l’éphémérité du support.
Mais les parlementaires étaient unanimes, il faut que lumière soit faite, dans « une maison de verre [...] où il n’y a aucun espace pour l’obscurité » (Alessandro Panza, ID, extrême droite). Un devoir d’exemplarité souligné par Evin Incir (S&D, sociaux-démocrates), raillant que même « un envoi de lettre par pigeon » aurait dû être rendu public. Un deuxième « SMSgate » pour Ursula von der Leyen qui ne passe pas pour les députés européens, celle-ci ayant déjà effacé des messages lorsqu’elle se trouvait à la tête de la Défense allemande. « Une masterclass de mauvaise foi », estime le Belge Marc Botenga (La GUE, extrême gauche). Seul un des membres du PPE, Tomislav Sokol, s’est montré un peu plus conciliant : « certains doutes doivent être dissipés, mais nous ne devons pas remettre en question toute la procédure d’achat. » La commissaire a conclu en rappelant l’échéance du 26 avril, date à laquelle l'exécutif européen est censé donner une réponse à la médiatrice.
« Il est temps de remodeler la mode. » C’est par ces mots que Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l'Environnement, a conclu la présentation de la nouvelle stratégie de l’UE pour restructurer l’industrie textile, jeudi 10 mars au Parlement européen. Quatrième secteur le plus polluant et gourmand en eau, cette industrie est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les objectifs de la commission tiennent en trois idées clés : production circulaire, durabilité et recyclage. La première étape est de trouver des alternatives vertes pour les matières premières très polluantes comme le polyester, produit à partir de ressources fossiles, et qui relâche des tonnes de micro-plastique dans les océans. Pour le recyclage, la marge de progression est colossale. « Moins d’1% des vêtements dans le monde est recyclé, ce n’est pas de la fast fashion* mais de la super fast fashion », commente Anna Cavazzini (Verts/ALE). La députée allemande attire aussi l’attention sur le manque de transparence des conditions de fabrication des textiles. Beaucoup d’enfants et de « femmes esclaves » se cachent derrière un jean ou une veste.
*Fast fashion : vêtements bon marché produits rapidement et en grande quantité par les détaillants de la grande distribution pour répondre aux dernières tendances.