Le conflit syrien est aussi communautaire. A Homs, les alaouites, pro-Assad, et les sunnites, pro-insurgés, s'affrontent. Les chrétiens, proche du régime, fuient vers le Liban. Des exils qui font craindre une contagion du conflit au voisin libanais.
L'armée syrienne bombarde la ville de Homs siège de la contestation. (Crédit : image vidéo AFP)
Benoit XVI a lancé plusieurs appels à la paix en Syrie. Il a réitéré son message dimanche 12 février. "J'invite tout le monde et tout d'abord les autorités politiques en Syrie à privilégier la voie du dialogue, de la réconciliation et de l'engagement en faveur de la paix."
Le pape exprime les inquiétudes de la communauté chrétienne qu'un scénario à l'irakienne se produise en Syrie, si le régime tombe. Après la chute de Saddam Hussein, la minorité chrétienne d'Irak a été la cible de menaces et d'attentats. Les chrétiens irakiens avaient alors fuit vers la Syrie et le Liban.
Aujourd'hui, les chrétiens syriens fuient vers le Liban. Le 2 février, l'ONG l'Oeuvre d'Orient estimait que les 30% de chrétiens qui restaient à Homs étaient partis. Le 4 février, l'Apic (l'Agence de presse internationale catholique) relatait : "Plusieurs chrétiens ont été assassinés à Homs." Ces événements confirment la possible transformation de la crise syrienne en guerre confessionnelle.
Dans une Syrie multiconfessionnelle, la stabilité est liée à la présence au pouvoir de parti Baas, qui prône "l'unité arabe". Les sunnites y sont majoritaires. Ils représentent 65% de la population. Mais ce sont les alaouites (6%), confession de la famille al-Assad, qui détiennent le pouvoir. Les chrétiens qui représentent 5 % de la population soutiennent le régime.
Violences au Liban
Depuis le début du conflit, 5 000 syriens, parmi lesquels se trouvent également des sunnites, ont trouvé refuge chez leur voisin libanais. Cet exil pourrait affaiblir le fragile équilibre au Liban. Celui-ci reste instable depuis la fin de la guerre civile en 1990.
La contagion au Liban semble de plus en plus probable. Vendredi et samedi, les violences qui ont secoué Tripoli, deuxième ville libanaise à 85 kilomètres au nord de Beyrouth, ont fait trois morts et une trentaine de blessés. Partisans et opposants du régime syrien se sont affrontés. Tripoli est régulièrement le théâtre d'affrontement religieux entre les sunnites et les alaouites.
Les craintes d'une exacerbation des oppositions religieuses au Liban sont aussi liées à l'approche de l'anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri, mardi. L'ancien Premier ministre de confession sunnite a été tué le 14 février 2005. Ses partisans soupçonnaient les services secrets syriens. Les quatre personnes inculpées par le Tribunal pénal pour le Liban sont des membres du Hezbollah, alaouites.
Marion Michel