124 projets ont été adoptés lors de la dernière assemblée de la Communauté urbaine de Strasbourg ce vendredi matin. Le projet de la médiathèque nord à Schiltigheim a été l'occasion d'ultimes passes d'armes.
Rangs clairsemés dans la salle des conseils. (R.T./Cuej)
8h40, la cloche sonne, et Mine Günbay, benjamine (PS) de l'assemblée, fait l'appel des conseillers communautaires. En une vingtaine de minutes, 116 des 124 points sont adoptés sans débat.
Le gros sujet du matin, c'est la médiathèque nord. Les conseillers communautaires finiront par l'adopter à l'unanimité, mais entre temps les comédiens profitent de l'occasion pour s'affronter, pour la forme. Sur scène, voici les duettistes : Raphaël Nisand (PS) face à Robert Grossmann (UMP), pour son dernier tour de piste. Nisand, dans le rôle du défenseur de la majorité à la CUS, félicite cette dernière pour avoir porté le projet. Grossmann, endossant le costume du redresseur de torts, rappelle avec véhémence que cette idée était avant tout celle de l'ancien maire de Schiltigheim, Alfred Muller. Que le spectacle commence !
Passe d'armes entre Raphaël Nisand et Robert Grossmann (L.B./Cuej)
"Je préfère des projets gribouilles à des projets fripouilles", concluera le vieux lion. Nisand l'invite "à se regarder dans une glace", Grossmann, selon lui, "ayant toujours l'injure aux lèvres". Ultime crochet du conseiller d'opposition, qui remercie Souad El Maysour, vice-présidente (PS) d'avoir eu de gentils mots à son attention : "Ça me change de Nisand, qui est plutôt du niveau caniveau." Ambiance.
Porte-flingues
Outre cette bisbille, on aura noté l'affrontement Ries-Keller, tout en sous-entendus, et par porte-flingues interposés. Comme sur le projet d'Écocité du Port du Rhin, qui donne au socialiste Philippe Bies l'occasion d'asséner : "En terme de vision stratégique, nous n'avons de leçons à recevoir de personne, et surtout pas de Mme Keller."
Jacques Bigot s'en mêle : "Fabienne Keller a l'art de toujours poser des questions et de ne jamais écouter les réponses." La candidate de l'UMP ne s'abaisse pas à répondre, laissant Catherine Zuber qualifier "d'hallucinantes" les "accusations" du président de la CUS, et maire d'Illkirch.
"L'un des plus mauvais mandats de la CUS"
Le dernier conseil de la mandature se termine par un salut particulier au conseiller communautaire Robert Grossmann. Comme si le président de la CUS tentait de transformer l'essai marqué lundi, par Roland Ries, lors de l'hommage au conseiller municipal Grossmann. "J'ai le souvenir de débats que nous avons eus. Certains de tes proches souhaitaient ardemment se mêler d'aménagements de voirie dans ma ville. Et tu leur as dit : "non, c'est le maire, on discute avec lui." Et pour cela je te remercie."
Robert Grossmann, grand acteur de sa dernière séance. (R.T./Cuej)
Touchant ? Pas pour Robert Grossmann : "Je devrais être submergé par l'émotion, et ça ne marche pas." Le conseiller enfonce Bigot, qui, selon lui, "monopolise la parole. Je pense que c'était l'un des plus mauvais mandats de l'histoire de la CUS. Et j'étais présent dès sa fondation !, rappelle-t-il. J'espère que vos successeurs, quels qu'ils soient, seront meilleurs. Sur ce je vous remercie, et je vous dit au revoir, à toutes et à tous."
L'homme quitte la salle, après 49 ans de carrière politique. Il n'entend pas Bigot, vexé, lui rétorquer : "J'étais sûr qu'à vos yeux, je ne pourrai pas trouver grâce."
Luc Barre, Raphaël Czarny et Renaud Toussaint
Huit des 124 points à l'ordre du jour auront été retenus pour les débats. Outre la médiathèque nord, la ZAC des Deux-Rives, l'extension du tram vers Kehl (divisée en deux points), le projet Écocité du Port du Rhin, le contrat triennal "Strasbourg, capitale européenne", le champ captant d'alimentation en eau potable et la délégation de service public pour un réseau chaleur au Wacken.