15 mars 2024
Le Parlement européen a adopté ce mercredi 13 mars une nouvelle norme sur les émissions de véhicules routiers. Celle-ci est cependant déjà critiquée pour son insuffisance face aux enjeux sanitaires et écologiques.
En Europe, la pollution des transports routiers est à l’origine de 70 000 décès prématurés chaque année. Ce constat a poussé l’Union européenne à adopter de nouvelles régles concernant les émissions des véhicules. Entérinée mercredi 13 mars, la norme Euro 7 cherche à mieux contrôler des voitures, camions, bus et camionnettes tout au long de leur cycle de vie. « L’UE s’attaquera désormais aux émissions provenant des freins et des pneus, et veillera à une plus grande durabilité des batteries », souligne l’eurodéputé tchèque Alexandr Vondra (ECR, droite). L’Euro 7 entend ainsi réduire les microplastiques produits par l’usure des pneumatiques et des systèmes de freinage. Les batteries, elles, devront conserver au moins 72 % de leur capacité après 8 ans d'utilisation (ou 160 000 km).
Enfin, chaque véhicule recevra un "passeport environnemental" basé sur des critères tels que la consommation de carburant ou les émissions de CO2. Les données de ce passeport seront actualisées continuellement.
Ces mesures font suite à une proposition de la Commission européenne datant de novembre 2022. Elle s’inscrivait dans le prolongement du Pacte Vert ; un ensemble d’initiatives visant à rendre l'Europe climatiquement neutre d’ici 2050.
L'Union européenne a adopté de nouvelles normes concernant les émissions des transports. © Lya Roisin-Pillot
Une norme au rabais
L’Euro 7 finalement n’a cependant plus grand chose à voir avec la version initiale proposée par la Commission.
Alors que celle-ci prévoyait de réduire les plafonds d’émissions pour tous les véhicules, le Parlement a finalement décidé de l’appliquer uniquement aux camions et aux bus. Les voitures et les camionnettes ne seront pas concernées. La Commission souhaitait également généraliser l’électrique afin de « garantir des véhicules plus propres sur les routes européennes » d’ici 2035. Là encore, cet objectif s’est heurté à l’opposition d’une majorité d’eurodéputés libéraux et de droite. L’association des constructeurs automobiles européens (ACEA) la jugeait, elle aussi, « totalement disproportionnée, entraînant des coûts élevés pour l’industrie et les clients ». Le Parlement a, par ailleurs, reporté la date d’entrée en vigueur de la norme Euro 7. Initialement prévue en 2025, elle ne sera effective qu’en 2030.
« C’est vraiment du greenwashing »
Au Parlement, des eurodéputés libéraux et de droite soutiennent que la réglementation adoptée concilie les exigences du marché avec les enjeux de santé publique et d’écologie. « C’est un compromis raisonnable garantissant la protection de l’environnement, l'intérêt de l’industrie automobile et l’intérêt des consommateurs », assure Alexandr Vondra (ECR). L’Union entend ainsi garantir la performance du secteur automobile européen. « Nous pouvons être satisfaits. Cela maintiendra la compétitivité européenne face à la concurrence déloyale des Chinois », argumente Susana Solis Pérez (Renew, libéraux). La Chine étant le premier producteur mondial de voitures électriques.
À la gauche de l'hémicycle, on considère l’Euro 7 comme une norme au rabais. Les pourfendeurs jugent le règlement « insuffisant » pour réduire les émissions du secteur routier. « L’industrie automobile va continuer à faire des profits au détriment de notre santé. C’est vraiment du greenwashing », dénonce Nikolaj Villumsen, eurodéputé danois (The Left). Les propositions les plus astreignantes, mais aussi les plus ambitieuses, ont été retirées. « La vie humaine pèse plus lourd que le secteur automobile et les profits », se désole Villumsen.
Lya Roisin-Pillot et Almamy Sane