06 février 2024
Les eurodéputés ont donné leur accord pour une aide supplémentaire de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine.
“C’est une étape importante pour le peuple ukrainien mais aussi pour l’Union européenne”. Iratxe García Pérez, la présidente du groupe des sociaux-démocrates (S&D), se félicite devant ses collègues réunis en plénière à Strasbourg, le 6 février, de la nouvelle aide européenne de 50 milliards d’euros débloquée en faveur de l'Ukraine. Décidée par les chefs de gouvernement la semaine précédente, cette enveloppe commune est composée de 33 milliards de prêts et de 17 milliards de dons pour les quatre prochaines années. Elle vient s’ajouter aux 35 milliards d’euros accordés depuis le début de l’invasion russe. Un premier versement est prévu dès le mois de mars.
Les nouveaux fonds européens arrivent à un moment clé, alors que l’Ukraine est engluée dans le conflit et que Volodymyr Zelensky multiplie les demandes de soutien. Le président ukrainien craint une lassitude des alliés et un détournement de l’attention des puissances occidentales vers de nouveaux conflits. Il a déjà perdu temporairement l’appui des Etats-Unis dont l’aide prévue est bloquée depuis plusieurs semaines par les Républicains au Congrès.
Ainsi, l’Europe devient le principal soutien financier de Kiev et sa coopération est absolument indispensable : “On a la perspective de se retrouver seuls à gérer cette guerre avec la possible élection de Donald Trump le 5 novembre prochain” explique l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann (S&D, sociaux-démocrates).
Des désaccords politiques
Malgré le consensus général sur l’importance de cette aide, son montant fait débat parmi les eurodéputés. Certains critiquent sa faiblesse, tel le groupe libéral Renew Europe qui dénonce une enveloppe dérisoire par rapport au budget total de l’Union européenne : “On parle quand même de vies humaines [et] nous nous engageons à hauteur de 0,08% de notre PIB” a souligné la députée hongroise Katalin Cseh (Renew, libéraux).
À l’inverse, pour l’extrême droite, c’est déjà bien trop, surtout dans le contexte actuel de tensions liées à la situation des agriculteurs. D’après eux, la priorité ne devrait pas être donnée à un pays qui, en plus, devient un concurrent majeur dans ce domaine pour les exploitants français. “Pendant que les agriculteurs européens criaient leur colère, Emmanuel Macron et ses homologues les poignardaient dans le dos”, s’insurge l’eurodéputé français Jean-Lin Lacapelle (ID, extrême droite).
D’autre part, la lenteur des délibérations suscite la colère des eurodéputés. La plupart d’entre eux critiquent le processus de négociation pour débloquer les fonds. Parmi les 27 représentants des Etats membres, il a suffi de l’opposition d’un seul homme, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour que la mise à disposition des aides prenne 3 mois de retard. Le Parlement appelle à revoir les procédures pour plus d’efficacité.
L’utilisation concrète des 50 milliards finalement accordés divise également. Si l’Union européenne s’est entendue sur un soutien essentiellement militaire, certains groupes politiques préféreraient investir dans la reconstruction. Martin Schirdewan, co-président du groupe d'extrême gauche (The Left), met en garde : “On dit toujours qu’il faut dépenser plus pour les armes, est-ce que vous êtes si naïfs ? Il faut investir dans la paix, pas dans la guerre”.
Le soutien financier européen doit encore être validé définitivement lors de la prochaine session plénière du Parlement européen fin février. On célèbrera alors le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine.
Angèle Bataller, Bastiane du Masle