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Je viens seulement de lire votre article, j'en avais entendu parler ; il aura fallu un peu plus d'un an pour qu'il m'arrive ; mais la mémoire est là !

«Décevant !» évidemment vous avez raison.
Pas de motivation des habitants, participation ridiculement faible, moyens dérisoires, mauvaises conditions atmosphériques, des accrochages maladroits, des perturbations de circulation, et le reste : comment ne pas perdre son temps quand on est deux jeunes journalistes ambitieuses en rendant compte d'un non-événement ?Votre récit se lit agréablement, le compte rendu se veut objectif, le portrait de Claire Minard ne manque pas de piquant. Vous avez été des observattrices attentives, vous avez fait le boulot.

J'étais au 2° parcours et on n'a pas du tout vécu les mêmes choses. On était un peu plus nombreux mais ça se comptait facilement. On a pris des photos et même beaucoup et à plusieurs. Evidemment rue Watteau il faut être discret, sinon les bandes de jeunes désœuvrés imaginent que vous travaillez pour la police (allez savoir pourquoi ?) Et on a pris le temps de semer du Géco rue Gréco, du Véronèse rue Véronèse, on a mis quelques images sur des noms, réveiller des fantômes qui sommeillaient dans les rues, sur les abri-bus, tenté de secouer des plaques d'indifférence et d'inculture.

Il n'y a pas de patrimoine «noble» à l'Elsau, il y a si peu d'Histoire, et rue Vermeer, il n'y a pas de crémière et on ne peut y acheter son pain. Exiber les seins nus d'un Véronèse dans une rue où les femmes passent voilées, serait-ce une revendication patrimoniale ? Pourtant la Madone du Gréco, elle, est bien pudiquement couverte.

Vous résumez votre déception en trois éléments : une peinture disparue qui équivaut à un reproche de manque de préparation, un accident de scooter qui vous verse dans la rubrique des faits divers genre « chiens écrasés » (le top pour un journaliste) et une visite en accéléré, du gâchis donc.

Il y a 34 rues de peintres mais les peintures n'y étaient jamais apparues, sauf ce jour là. Un accident de scooter, mais les habitants sont écœurés, saturés, excédés par les rodéos de motos qui perturbent régulièrement leur tranquillité. Enfin 2 de moins... une visite rapide, certes mais le public visé
n'était pas ces volontaires, curieux, présents.

Adam en A4 derrière des grilles, sur une vitre « Actions Quartier »s ; oui, mais deux mains tendues l'une vers l'autre, un appel à la transcendance et à l'humanité, avec des barrières à surmonter pour que ce soit enfin possible, ici... ça mérite mieux que des regrets ou des reproches. Bien sûr qu'on aimerait une belle reproduction sur les grands murs vides des gymnases Léonard de Vinci ou Schongauer.

« décevant », c'est votre analyse, votre ressenti, votre jugement. Avez-vous demandé à Claire, à Roxane, à Véronique, à Maurice s'ils étaient déçus. Savez-vous pourquoi ils étaient là, eux et pas les autres ? Qui a été mobilisé pour cet événement ? Quels en étaient les objectifs ? Votre article a contribué à ce que cette année, rien ne s'est fait à l'Elsau pour les journées du patrimoine.

Vous êtes passées à l'Elsau en touristes urbains désabusés. Vous vous êtes contentées (si peu) du superficiel anecdotique sans voir ni les beautés du quartier (la nature) ni la volonté d'habitants qui l'aiment soucieux de le faire vivre dans une autre dimension que celle du social désespéré, sans voir qu'il n'intéresse ni les commerces ni les banques, encore moins les institutions et si peu les responsables ou les élus.

Vous ne reviendrez pas à l'Elsau, votre avenir de journalistes vous appelle heureusement sous d'autres cieux plus cléments. Nous on ne vous oubliera pas, ni les belles jambes de la laitière d'ailleurs, pas plus que le menu affiché du restaurant : un Poussin.

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