16 février 2017
Le président de la Commission européenne a annoncé dimanche 12 février sa volonté de ne pas se représenter à la tête de l’institution en 2019, et affiché son pessimisme quant à l’avenir de l’Europe, fragilisée, entre autres, par le Brexit.
Jean-Claude Juncker à bout de souffle. Lors d'une interview accordée dimanche 12 février à une radio allemande, le président de la Commission européenne a révélé qu'il ne briguera pas un second mandat à la tête de l'institution en 2019. Mais plus que cette annonce, ce sont ses propos sur l'Union européenne, jugée fragile et trop peu unie qui font réagir les eurodéputés, réunis en session plénière du 13 au 16 février au Parlement européen.
Ainsi, s'il « comprend » la décision de l'ancien Premier ministre luxembourgeois, Peter Liese (PPE, centre-droit) regrette le « timing peu approprié », a quelques semaines de l'ouverture de négociations sur le Brexit. « Sans doute une provocation pour susciter plus d'unité au sein des parlementaires » espère l'eurodéputé allemand.
De l'autre coté de l'hémicycle, on est plus sévère avec le futur ex-dirigeant. Si certains, comme le Croate Davor Skrlec (Verts/ALE), insistent sur la nécessité d'un nouveau président « plus énergique », d'autres se réjouissent ouvertement à l'idée de voir partir l'homme de 62 ans. «C'est peut-être sa façon d'avouer l'échec de son bilan », estime Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL, gauche radicale) qui dénonce le manque de fermeté de Jean-Claude Juncker face aux Etats membres et à leurs intérêts nationaux.
Que l'eurodéputée française se rassure. Le président de l'exécutif européen a annoncé mardi 14 février une réforme attendue de transparence sur les prises de décisions de la comitologie. Méconnue, cette procédure désigne une méthode de validation des projets de loi de la Commission par les Etats membres. Elle est utilisée lorsque ceux-ci refusent de se prononcer - en s'abstenant - sur les dossiers les plus sensibles, comme l'interdiction du glyphosate en juin 2016 ou l'autorisation des OGM. Ce refus revient ainsi à laisser à la Commission le soin de trancher. Une façon de se défausser sur l'exécutif européen et de rejeter la responsabilité de la décision sur Bruxelles. Une déresponsabilisation des Etats contre laquelle Jean-Claude Juncker souhaite lutter, en obligeant les Vingt-Huit à assumer leurs choix. Une manière, en somme, de rappeler avant son départ que l'Union fait la force.
texte : Quentin Berichel