05 mai 2022
C’est sous des auspices plus calmes que s’est tenue cette session plénière du mois de mai. L’Europe semble sortie de son état de stress post-24 février, date de début de la guerre en Ukraine. Alors que le conflit avait mobilisé l'agenda des dernières sessions, l'Union européenne recommence à se projeter.
Au terme d’un vote historique, les députés ont amorcé une réforme du système électoral, petite révolution pour les prochaines élections, censée rapprocher l’institution de ses citoyens. Dans un avenir plus lointain et plus incertain, le Premier ministre italien Mario Draghi a bousculé l’Assemblée en appelant à la révision des traités européens, totem auquel aucun chef d’État n’avait osé s’attaquer depuis l’échec du projet de constitution européenne, il y a 17 ans. Cap sur 2030 et des horizons pas si futuristes enfin, avec l’adoption de la feuille de route sur… l’intelligence artificielle.
Un semblant de retour à la normale donc, et avec lui, celui des vieux démons et des positions difficilement tenables. La question de l'État de droit en Pologne et en Hongrie se heurte encore au manque de volonté politique et aux obstacles procéduraux. La crise des réfugiés ne vient rien arranger. Sur fond de renoncement au pétrole russe, l’UE revoit sa politique énergétique à marche forcée, avec le risque de sacrifier son ambition verte sur l’autel d’une vision court-termiste.
L'Union européenne peine surtout à répondre aux problèmes les plus brûlants et les plus essentiels : ceux qui concernent directement les citoyens qui la vivent ou qui l’espèrent. Parmi ces urgences : amortir le choc de la guerre et des sanctions sur les plus précaires, garantir aux Ukrainiennes victimes de viol l’accès aux soins abortifs et obstétriques.
Il est pressant que l’institution se dote des moyens fonctionnels de ses ambitions. Avant l’hiver 2022, avant la Hongrie 2024…
Delphine Schiltz