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Les eurodéputés veulent muscler la défense de l’Union


17 février 2022

Ce mercredi 16 février, le Parlement européen a encouragé l’Union européenne à agir plus rapidement face aux menaces multiples pesant sur le Vieux continent. 

“En matière de défense, l’année 2021 a sonné la fin des illusions. En Ukraine, un signal a été donné. Face aux crises, l’Union européenne (UE) doit agir plus vite et mieux”, a affirmé l’eurodéputée Nathalie Loiseau (Renew Europe, libéraux) dans l'hémicycle, ce mercredi 16 février. Dans deux rapports adoptés à une large majorité, les eurodéputés encouragent l’UE à renforcer sa stratégie commune de sécurité et de défense. Une nécessité pour tenter d’exister sur la scène internationale aux côtés des Etats-Unis et de la Russie.

"Une réponse rapide, sans délai"

“En cas de crise, l’Union doit pouvoir donner une réponse rapide, sans délai. Notre objectif doit être celui d’un véritable état-major européen”, affirme Nathalie Loiseau, en charge d’un des rapports. Pour répondre à cet objectif de rapidité, les eurodéputés demandent à passer au vote à la majorité qualifiée sur la sécurité et la défense au sein du Conseil des ministres européens, l’organe colégislateur de l’UE. Aujourd’hui, le véto d’un État-membre peut bloquer toute opération.

Un soutien à la boussole stratégique

Les eurodéputés appuient également le projet de livre blanc de la défense, la “boussole stratégique”, initié en 2020 par la Commission européenne. Cet outil permettra, en cas de crise sécuritaire, de donner un cadre précis pour lancer des interventions militaires ou humanitaires coordonnées entre États-membres. Elle prévoit la création d’un Conseil des ministres de la Défense, la levée inédite d’une armée européenne de 5 000 hommes mobilisable en cas d’urgence sécuritaire, mais aussi l’élaboration de pactes de sécurité avec des pays d’Europe de l’Est, dont l’Ukraine. Selon le Président du groupe Renew, Stéphane Séjourné, “C’est un pas énorme. Pour la première fois, les 27 vont pouvoir dire: ‘Voilà ce que nous pensons du monde’”. 

Une autonomie stratégique en complément de l’OTAN

Si le Parlement pousse l’UE à gagner en autonomie, les eurodéputés refusent de tourner le dos aux alliés historiques. Ils reconnaissent dans les rapports “que l’OTAN reste le fondement de la sécurité et de la défense européennes collectives”. Selon Éric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, “Ce n’est pas un substitut mais un complément à l’OTAN. Ce serait pour donner à l’UE les moyens d’agir si l’OTAN, c’est-à-dire les Etats-Unis, ne veulent pas intervenir.”

Des faiblesses persistantes

Si ces deux rapports font consensus, certains eurodéputés formulent des critiques. Selon Arnaud Danjean (PPE, conservateurs), cette volonté d’autonomie stratégique arrive trop tard. “Depuis une douzaine d’années les signaux d’alarme n’ont pas manqué”, pointe le député.

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Ce mardi 15 février, dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, Nathalie Loiseau (Renew Europe) a énuméré les menaces pesant sur l’UE, pour rappeler la nécessité d’une défense européenne plus efficace. ©Alain Rolland, European Union 2022 - Source : EP

 

“Du Mali à la Libye, de la Syrie à l’Ukraine, on peut dire qu’il y a eu beaucoup d’occasions pour les Européens de se réveiller et de prendre conscience de leur faiblesse stratégique. Il y a eu des progrès, il faut être objectif, mais il y a encore des manques.”

De son côté, l’eurodéputé Mounir Satouri (Verts, écologiste) demande à ce que le Parlement ait davantage de rôle à l'avenir sur cette question: “L'autonomie stratégique est affichée en étendard mais le Parlement qui défend les intérêts des Européens n'est pas consulté.”

Luc Herincx et Julien Rossignol

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