Risque de crue centennale à Paris, inondations dans l’Est… Les eaux sont montées dangereusement en ce début d’année. L’une des causes de ces crues est la dégradation des zones humides. Pour les protéger, les solutions peinent à arriver.
Ils étaient une centaine à avoir fait le déplacement dans le même objectif : défendre les zones humides. Des représentants d’associations, de communes et de régions se sont donnés rendez-vous à Rhinau, à une trentaine de kilomètres de Strasbourg. Et il y a urgence selon Philippe De Grissac, vice-président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Entre les années 1960 et 1990, 50% des zones humides ont disparu. Et depuis, ce qui reste s’est dégradé », explique-t-il sur la scène dressée pour l’occasion. En cause, la pollution chimique, l’agriculture intensive, les zones qui servent de dépotoir ou encore celles qui sont asséchées pour faire place à des habitations.
Si la protection de ces espaces est jugée importante, c’est parce que ces plans d’eau stagnante, naturels ou artificiels, que l’on trouve à proximité de courts d’eau ou de mers sont essentiels pour les hommes et la biodiversité rappelle Philippe De Grissac : « La moitié de la faune en dépend. C’est notre survie qui est en jeu. Sans ces zones, en période humide, l’expansion des fleuves ne peut plus se faire, et les risques de crue sont plus importants ». Constat partagé par Daniel Reininger, président d’Alsace Nature. « Il y a besoin de consolider l’ensemble des sols naturels qui peuvent stocker de l’eau, et donc de la ressource que l’on peut réutiliser en agriculture. »
Des projets mais peu de concret
Rhinau est une commune concernée par cette question. La ville se trouve au centre d’un grand milieu naturel qui s’étend sur 190 km le long du Rhin. Un territoire qui fête ses 10 ans au classement Ramsar, du nom de la ville iranienne où a été signée une convention protégeant ces espaces. En France, il y a 48 zones classées Ramsar. C’est la seule qui est internationale, car elle chevauche la France et l’Allemagne.
Tout au long de ces rencontres, maires, présidents de région et représentant de l’Eurométropole ont tous vanté leurs différents projets pour la restauration de ces espaces en milieu urbain. A l’image du programme Life « Rhin vivant », qui a permis la préservation des habitats naturels sur la rive alsacienne du Rhin.
Pour autant, il semblerait que les améliorations tardent à venir. « On attend toujours que le grand parc national zone humide promis par le gouvernement soit créé », regrette Philippe De Grissac. « Je pense qu’il y a une grande différence entre discours et réalité. Au niveau local, ce sont les petits égoïsmes qui reprennent le dessus. » François Mitteault, directeur eau et biodiversité au Ministère de la transition écologique et solidaire, assure que pour un hectare urbanisé, on en libère un autre pour la nature. Daniel Reininger s’interroge : « Pour le GCO de 200 hectares, où va-t-on les débloquer ? »
Daniel Raddatz, membre du conseil départemental de Karlsruhe, en Allemagne, a présenté la décanalisation de la Murg dans la ville de Rastatt. Les digues ont été retirées pour que la rivière puisse reprendre son court naturel. Un exemple que la France devrait suivre selon les écologistes. Ils ont bon espoir avec l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui a permis de sauver 1500 hectares de zone humide.
Arthur BLANC et Elsa VANDE WIELE