Double cambriolage et portes forcées d’appartements. Un duo de voleuses, originaires des Balkans, a jeté son dévolu sur un immeuble du centre-ville dans la nuit du 8 février. Les deux femmes ont comparu deux jours plus tard au tribunal correctionnel.
L'affaire est passée en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Strasbourg. © Thémïs Laporte
Ce 8 février à 23h15, deux intruses pénètrent au numéro 10 de la rue des Halles, un immeuble d’habitation de sept étages à deux pas du centre commercial éponyme à Strasbourg. Des bruits sourds dans la cage d’escalier alertent un voisin qui prévient la police. Positionnées à quelques mètres de l’entrée, en embuscade, les forces de l’ordre patientent. À minuit et demi, deux ombres sortent d’un pas rapide du bâtiment. Quinze minutes plus tard, deux femmes sont interpellées à côté de la gare. Dans leurs poches : deux tournevis, des bijoux et des bouteilles de parfum de luxe.
Enceinte de trois mois
Deux jours plus tard, le duo comparaît dans la salle 101 du tribunal de Strasbourg. Teint blafard et les yeux enrobés de cernes, elles sont accusées de vols et tentatives de vols. Kristina, la plus jeune, a 19 ans. Ses longs cheveux de jais entourent un visage dévoré par un masque blanc en tissu. À côté, Danijela, 38 ans, triture sa longue tresse qui tombe dans son dos. Originaires des Balkans, celles qui se disent mères de famille, n’ont ni papier d’identité, ni adresse. Et seraient arrivés en France une semaine plus tôt. « Pour trouver du travail et refaire ma vie », justifie Kristina, qui déclare aussi « être enceinte de trois mois », traduit un jeune interprète serbo-croate. « Alors vous ne trouvez pas de travail, donc vous volez c’est ça ? », rebondit le président du tribunal, lunettes vissées sur le nez.
Deux appartements ont été cambriolés. Une dizaine de portes présente aussi des traces d’effraction dans l’immeuble. « Les portes ont résisté, mais une habitante du premier étage a remarqué un important écart en haut de sa porte », appuie le président du tribunal, qui revient, non sans une pointe de sarcasme, sur les tournevis retrouvés sur les prévenus : « Vous avez l’habitude de vous balader à Strasbourg avec un tournevis dans la poche ? ». Un assesseur esquisse un sourire derrière son masque. Si les deux femmes admettent d’un hochement de tête les vols des deux logements où ont été dérobés bijoux et parfums, elles nient en bloc les tentatives sur les autres appartements. « Ce n’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre », tente de se défendre la plus âgée.
« Ces deux-là ont de l’expérience »
Dans son réquisitoire, le procureur n’émet pourtant pas le moindre doute sur la culpabilité du duo : « Il s’agit de deux tentatives dans le même immeuble, à des étages voisins avec le même mode opératoire. Ce sont des faits de délinquance organisée, elles avaient d’ailleurs la panoplie du parfait cambrioleur. » Et d’asséner, après avoir fait référence « au fléau des raids en zones résidentielles à Strasbourg » : « Ces deux-là ont de l’expérience. » Dix mois de prison avec mandat de dépôt sont requis contre celles qui ne semblent pas bien comprendre ce qui se joue. « Ce ne sont pas des bandits de grand chemin », rétorque l’avocat, maître Muschel, qui invoque l’absence de condamnations antérieures. Sa défense n’aura pas su convaincre le tribunal qui suit les réquisitions du ministère public. Avant de repartir derrière les barreaux pour dix mois, Danijela lâche dans un souffle : « Moi aussi je suis enceinte de deux mois », comme une dernière tentative pour éviter sa peine. En vain.
Iris Bronner
Édité par Élia Ducoulombier