L’inauguration de la résidence Lieu Commun, située dans le quartier Poteries à Strasbourg, s’est déroulée lundi après-midi. Imaginée par ses locataires, cette résidence est le premier habitat participatif en locatif social de France.
Elle se repère de loin au bout de l'impasse Quinta Florentina, dans le quartier Poteries. Grande bâtisse bardée de pans de bois, de balcons fleuris, et au design résolument moderne, la résidence a mis six ans à sortir de terre. Les pouvoirs publics l’ont officiellement inaugurée lundi 10 septembre, en présence d’une partie des locataires qui y habitent depuis le mois de mai.
Cette résidence est le premier habitat participatif en locatif social de France. Les habitants l’ont conçue avec l’aide d’un architecte : agencement des pièces, des couleurs, des équipements. Chacun a pu créer un logement adapté à ses besoins et ses envies. Coût du projet ? Près d’1,5 millions d’euros. Aujourd’hui, la résidence comporte 15 logements qui accueillent 22 adultes, et 21 enfants.
Des logements sur mesure
Émilie Cholet est l'une des heureux élus. Maman de trois enfants, elle habite dans un T5 au rez-de-chaussée. Un logement dont elle a entièrement supervisé la conception. « À l'origine la cuisine devait se situer du côté parking, mais on a demandé à mettre une chambre à la place, raconte-t-elle. On était assez libres tant qu’on ne dépassait pas l’enveloppe budgétaire. »
L’aspect social n’a pas pour autant été négligé. Les loyers varient de 316 euros pour un T1 à 675 euros pour un T5, charges comprises. Jeune étudiante, Tounga Gonthier habite avec sa mère dans un T3, au troisième étage. « On n’a pas trop souffert pendant la canicule, cet été, car le bâtiment est très bien isolé », note-t-elle. Dotée d’isolants bio-sourcés, l’architecture de la résidence a un faible impact environnemental.
Des espaces partagés
Au-delà des logements privés, 82 m2 sont consacrés aux espaces communs : salle de vie, buanderie, atelier, jardin partagé. Car un habitat partipatif, c'est d'abord des espaces partagés. Tounga Gonthier ne tarit pas d’éloge sur ce lieu de vie en commun, qu'elle qualifie de convivial. « Dès qu’on s’est installé, on a commencé à organiser des événements tous ensemble : une fête de retrouvailles, un barbecue. On a même regardé la Coupe du monde de foot tous ensemble » Après cinq ans passés ensemble à imaginer cette résidence, les locataires se connaissent déjà bien. « On avait une réunion une fois par mois le dimanche matin, indique Émilie Cholet. Évidemment, ça crée des liens. » « Tout le monde se connaît, s’entraide et se dit bonjour », s’enthousiasme Tounga Gonthier.
Une organisation collective
L’entretien et la maintenance de la résidence sont à la charge des locataires, ce qui permet aussi une importante réduction des charges locatives. Les tâches au sein de la résidence sont donc partagées. Les habitants se retrouvent désormais une fois par semaine, les dimanches matins, pour s’organiser. « Il y a un roulement pour nettoyer les paliers, sortir les poubelles, et ranger la salle de rencontre », explique Tounga Gonthier.
Sa mère, Véronique Brom est la présidente de l’association des résidents Lieu Commun. Elle précise les limites d’un habitat participatif : « Attention, on n'a pas vocation à devenir une famille, prévient-elle. On sépare bien les lieux privés des lieux publics. »
Tous les résidents signeront bientôt une charte des droits et des devoirs pour assurer la pérennité de cette aventure et du vivre-ensemble.
Phœbé Humbertjean