Vendredi 17 février, le tribunal correctionnel de Strasbourg a été le théâtre d’une passe d’armes entre un prévenu soupçonné de trafic de drogue et la présidente de la séance. Les excuses de l’homme chez qui des armes, de l’argent liquide et du cannabis ont été retrouvé n’ont pas convaincu la magistrate.
Le palais de justice de Strasbourg a été construit en 1897. © Milan Busignies
La tension monte d’un cran dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Strasbourg. Ce vendredi 17 février, la présidente de séance Isabelle Karolak semble perdre son calme face aux réponses du prévenu qu’elle auditionne. Âgé d’une quarantaine d’années, l’homme qui se tient droit comme un « I », micro entre les mains est poursuivi pour de multiples raisons. Entre autres, trafic de stupéfiants et détention d’armes sans autorisation.
Le 24 janvier 2022, le prévenu aurait vendu du cannabis alors qu’il se trouvait à son domicile. Un acte qui serait resté anodin, s’il n’était pas surveillé par les forces de l’ordre au même moment. Ces derniers avaient été alertés par une source anonyme sur un possible trafic de stupéfiants. Sur place, la police retrouve bien plus que ce qu’elle était venue chercher. Aux 90 g de cannabis, s’ajoutent deux armes – un pistolet et une carabine -, de quoi stocker des stupéfiants ainsi que 12 000 euros en billets de banque. Le tout éparpillé à travers l’habitation et dissimulé de manière plus ou moins grossière.
Des armes et de la drogue dans chaque pièce
Pour en savoir plus sur cette affaire, la présidente de séance interroge. Quel volume de vente ? Quelle consommation ? Pourquoi les armes ? Avec calme d’abord, puis plus sèchement à mesure des errements et des réponses vagues du prévenu. Difficile, donc, de ne pas sortir de ses gonds pour Isabelle Karolak, quand le prévenu nie avoir organisé un trafic chez lui pour ne pas nuire à sa famille. « L’argument selon lequel vous ne faites pas de trafic parce que vous avez des enfants est quand même mis à mal par la présence d’armes et de drogue dans chaque pièce du domicile », remarque-t-elle sèchement.
Un climat difficile à vivre pour la famille dont différents membres ont quitté la salle d’audience. Parfois en pleurs, parfois en colère, parfois les deux. Dans cette atmosphère un peu tendue, seul l’avocat de la défense semble parvenir à se relâcher. C’est presque nonchalamment qu’il fournit les pièces du dossier et lance sa plaidoirie comme pour signifier que l’affaire n’en vaut pas la peine : « Quand une personne vend du cannabis seulement à une autre, sans aucune organisation, ce n’est pas du trafic, il fait une cession » a-t-il observé. Sur le banc en revanche, son client a le visage fermé. Aussi c’est en préférant s’excuser auprès de sa famille plutôt que de se justifier une énième fois qu’il terminera l’audience.
En état de récidive, il risque 18 mois de prison pour trafic de drogue et 5 ans d’interdiction de détention d’une arme.
Loris Rinaldi
Edité par Christina Genet