Le portrait du suspect diffusé en novembre avait fait réagir de nombreux témoins. (photo/gendarmerie nationale)
Alors que l'affaire semblait piétiner plus d'un an après les faits, un homme a été placé en garde à vue ce mardi 18 février, relançant la piste criminelle locale. Des fouilles ont également eu lieu.
La diffusion du portrait-robot d'un suspect en novembre a-t-elle porté ses fruits ? Ce mardi matin, un an et demi après le quadruple meurtre de Chevaline, un suspect a été pour la première fois placé en garde à vue en France. L'arrestation de cette homme résidant non loin du lieu du drame relance la piste criminelle locale, dans une affaire dont les rebondissements font régulièrement les titres des quotidiens franco-britanniques.
« Cette interpellation, est le fruit des témoignages recueillis notamment après la diffusion (...) du portrait robot d'un motard vu à proximité de la scène de crime et recherché activement par les enquêteurs », a précisé le procureur de la République à Annecy, Eric Maillaud. Arborant un bouc sombre et un casque de moto, l'homme pourrait donc être le haut-savoyard actuellement interrogé par la police. Décrit comme un « montagnard taiseux » et « amateur d'armes », le gardé à vue devrait recouvrir sa liberté dès la fin d'après-midi si son audition n'est pas concluante. «Il n’y a aucune certitude quant à un lien avec la tuerie» précisait mardi matin la justice.
Dans l'après-midi, des gendarmes de l'identification criminelle sondaient le jardin d'une maison de Talloires (Haute-Savoie) à l'aide d'un détecteur de métaux. L'accès au terrain a été interdit aux journalistes.
Multiples pistes pour une enquête d'un an et demi
Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, un ingénieur britannique d'origine irakienne travaillant dans le secteur de l'aéronautique et la défense au Royaume-Uni, sa femme ainsi que sa belle-mère étaient retrouvés criblés de balles sur le parking forestier de la Combe d’Ire, à Chevaline (Haute-Savoie), par un cycliste britannique. Non loin, le quatrième corps sans vie d'un cycliste français gisait également à terre, victime collatérale des tirs. Deux filles du couple, âgées de 7 et 4 ans, seront miraculeusement retrouvées vivantes sur le parking.
Une information judiciaire était alors ouverte pour assassinats, avant d'être requalifiée en «meurtres en bande organisée». Depuis l'enquête semblait piétiner, notamment ralenti par une relation franco-britannique très tendue sur le sujet. Les Britanniques penchaient pour une piste française tandis que les enquêteurs français privilégiaient celle du conflit familial sur fond d'héritage disputé entre Saad al-Hilli et son frère Zaid. Ce dernier était d'ailleurs arrêté en juin dernier, soupçonné de «complot pour commettre un meurtre», mais rapidement libéré. Son contrôle judiciaire a été levé à la mi-janvier.
L'hypothèse d'un tueur isolé, agissant seul et pour son propre compte, est loin de convaincre les enquêteurs français, qui imaginent plutôt un scénario à plusieurs, avec hommes de mains locaux et éventuel commanditaire du meurtre. Du côté britannique, les policiers en charge de l'affaire outre-manche n'ont fait aucun commentaire sur les implications éventuelles, pour Zaïd al-Hilli, de cette arrestation, qui «est le fruit d'investigations menées en France, sans lien avec celles menées au Royaume-Uni».
Clémence Lesacq