En 1988, la Grande Île de Strasbourg est entrée au patrimoine mondial de l'Unesco. 25 ans de classement, et pourtant peu de promotion sur le sujet. Les choses devraient changer, promet la Ville, avec l'agrandissement du périmètre classé à la Neustadt, quartier allemand aux abords de la place de la République.
Le dossier devrait être déposé l'an prochain. L'occasion pour la Ville de mieux vendre son patrimoine : « Cette fois, on tâchera d'en parler plus », affirme Dominique Cassaz, responsable du service du patrimoine de la CUS.
Car touristiquement parlant, Strasbourg ne met pas son titre de Patrimoine mondial de l'humanité en avant. Pour s'en convaincre, il suffit de passer la porte de l'Office du Tourisme. Sur l'étal fourni des brochures et autres dépliants, on note quelques logos discrets de l'UNESCO. Mais pour avoir une brochure dédiée au sujet et richement illustrée, il faut la réclamer au guichet. « Ces brochures nous coûtent cher, se défend Géraldine Amar de l'Office du tourisme. Nous ne les donnons que sur demande. » Mais c'est aussi un choix : « Notre communication ne se résume pas à brandir un label. Il faut aussi donner du concret aux touristes ».
Pourtant l'énoncé des trois critères ayant permis à Strasbourg d'obtenir le classement pourrait faire pâlir d'envie bien des sites touristiques : « un échange d'influences considérable pendant une période donnée », « un type de construction illustrant une périodes significative de l'histoire humaine », et « chef d'oeuvre du génie créateur humain ». Rien de moins.
Un patrimoine classé par l'Unesco depuis 25 ans
L'Association des Amis du vieux Strasbourg voudraient que la Ville et les organismes de tourisme valorisent ces atouts et mettent le paquet. « Cela fait 25 ans que ce patrimoine est classé à l'Unesco. Mais personne ne le sait. Tous les ans, la Ville nous dit qu'elle va faire des efforts. Mais elle ne le fait pas », déplore Olivier Ohresser, secrétaire de l'association.
Le modèle en la matière est la ville de Bordeaux. Classée en 2007, la capitale de l'Aquitaine a sorti l'artillerie lourde de la communication pour mettre en valeur ce titre prestigieux. Et cela a porté ses fruits. « On a fait une étude chiffrée entre 2007 et 2008, l'année du classement. On a eu une hausse de 15 à 20 % de fréquentation touristique. On met beaucoup en avant ce label pour vendre la ville. C'est vraiment un atout.
Afficher Les sites protégés à Strasbourg sur une carte plus grande
Pour le prestige
A Strasbourg, point de battage. « Le classement pourrait nous apporter une plus large reconnaissance. La mise en valeur de ce titre, on y travaille. On veut développer les brochures, créer des évènements », explique Dominique Cassaz. Le classement de la Neustadt pourrait servir de tremplin pour relancer la machine. Pour l'Office du Tourisme de Strasbourg, le problème c'est « la signalétique dans la ville, un peu faiblarde. Il faudrait que cela soit plus visible. On a des réunions à ce sujet en ce moment avec la Ville. Il y a un renouveau avec le projet Neustadt », souligne Géraldine Amar du service de la communication.
Car le prestige est l'attrait essentiel du titre de patrimoine mondial de l'humanité. L'Unesco n'impose aucune contrainte légale. Mais le détenteur du titre s'engage à préserver et mettre en valeur le site. Et Strasbourg y veille jalousement. Aujourd'hui, la moitié sud de la Grande-Île est protégée par le plan de sauvegarde et de mise en valeur de la ville (PSMV)(Cf Carte en lien). A ce titre, tout aménagement dans cette zone doit être soumis à l'approbation de l'architecte des bâtiments de France. La Ville prévoit de placer également sous la protection du PSMV la partie nord de la Grande île et la Neustadt, dès 2017. La procédure étant à l'étude, la zone est déjà protégée et tous les travaux doivent également être visés par l'architecte des bâtiments de France.
Clémence Mermillod et Yolène Thorez