Charlotte et Cédric prévoient de parcourir la route de la Soie à bord d’un van pendant près d’un an. Un projet hyperconnecté qui s’éloigne de l’esprit originel de la « Van life ».
Elle a 31 ans et travaille en agence de communication. Lui en a 36 et est informaticien à l’Université de Strasbourg. Cela fait deux ans que Charlotte et Cédric planifient leur voyage en van sur la route de la Soie. Le projet, baptisé « Roule ma Poule », va conduire le couple à travers une quinzaine de pays, de la Norvège à la Grèce, en passant par la Russie, la Mongolie, ou encore l’Iran.
Ce voyage, c’est Cédric qui en a eu l’idée après avoir déjà imaginé faire le tour du monde en bateau. Il en parle à sa compagne qui adhère rapidement au projet. Ils achètent un B90 Renault, un van 4x4 que Cédric rêve d’avoir « depuis gamin ». Il part chercher le véhicule en Bretagne et effectue le chemin du retour jusqu’à Strasbourg en deux jours, à cause de problèmes de frein.
Cela fait un an que la camionnette est en rénovation chez les parents de Cédric. À l’aide d’amis, il a déjà changé le moteur et amélioré la mécanique. L’aménagement vient à peine d’être entamé avec l’isolation et la pose du parquet. Encore plusieurs mois seront nécessaires pour y installer une douche, une couchette et une cuisine.
Charlotte et Cédric présentent le van de leurs rêves, devenus réalité. © Laura Ayad
Charlotte, elle, s’occupe de la communication autour du projet. Elle a créé des comptes Instagram et Tik Tok sur lesquels elle poste des vidéos et des photos prises par son compagnon. Tout au long de leur voyage, elle continuera d’alimenter ses réseaux sociaux dans l’optique d’offrir « quelques secondes d’évasion » à ses abonnés et, pourquoi pas, récolter des fonds à travers des partenariats commerciaux. Un défi quand on connaît le manque d’accès à Internet dans certaines régions du monde. « On mise sur la 3G et la WiFi », expose Cédric. Un projet qui s’éloigne de la déconnexion initialement associée à la « Van life » : ce mode de vie prône la liberté et la sobriété loin des contraintes de la vie urbaine ultra-connectée.
Les Strasbourgeois prévoient par ailleurs de se consacrer à des actions sociales et humanitaires. « J’aimerais contacter des orphelinats et éventuellement leur fournir des denrées récupérées grâce aux réseaux », explique Charlotte, qui comprend les questions que peuvent soulever ce genre d’initiatives. Elle envisage également d’expérimenter un mode de vie zéro déchet, mais ne veut pas donner de leçons aux locaux : « Je suis une occidentale aisée. Nous n’avons pas les mêmes préoccupations et ce serait déplacé d’essayer d’imposer un mode de vie à d’autres populations », raisonne-t-elle.
D’après leurs calculs, le voyage coûtera entre 10 000 et 15 000 euros par personne. Un projet onéreux qu’ils peuvent se permettre grâce à plusieurs années d’économies. « Grâce aux réseaux on espère peut-être même en vivre pour ne jamais revenir », se prend à rêver Charlotte.
Laura Ayad et Emma Barraux