Primark s'implantera à Strasbourg, près des Halles, fin 2018. L'enseigne de prêt-à-porter, souvent critiquée pour ses méthodes, va créer 400 à 500 emplois.
Le futur Primark se situera au coin de la rue du Noyer et du quai Kellerman. Crédit: Denu & Paradon.
On savait depuis juillet que Primark s'installerait à Strasbourg, on en connaît désormais les détails. Le géant de la vente de prêt-à-porter va s'installer fin 2018, à l'angle de la rue Kellermann et de la rue du Noyer, près du centre commercial des Halles. Le magasin aura une surface de vente de 5700 m², répartie sur quatre étages. Un parking de 167 places sera construit au sous-sol du bâtiment. Plus étonnant, le dernier étage sera composé de logements avec des jardins. Les travaux commenceront dès l'automne. Cette ouverture suivra celle d'un magasin à Metz, en 2017.
L'Eurométropole est enthousiasme: elle décrit « une excellente nouvelle pour l'attractivité de la ville», précisant que la nouvelle enseigne « impulsera une dynamique qui profitera à l'ensemble des magasins du centre-ville. » La Ville a toutes les raisons de se réjouir : à Dijon, le centre commercial de la Toison d'Or, qui accueille l'enseigne, avait connu une hausse de fréquentation de 20 % dans les mois après l'ouverture.
Le futur Primark accueillera des logements au dernier étage. Crédit: Denu & Paradon.
Profits exceptionnels et travail à bas coût
L'implantation de Primark à Strasbourg devrait créer 400 à 500 emplois. L'enseigne, qui propose des vêtements et des bijoux 35% moins chers que ses concurrents, engrange des profits exceptionnels : un magasin dégage en général 40 millions d'euros de chiffre d'affaires dès sa deuxième année. Résultat : un chiffre d'affaires mondial de 7,5 milliards d'euros en 2015.
Mais pour obtenir de si bons chiffres, Primark utilise des méthodes parfois controversées. L'enseigne fait ainsi fabriquer ses vêtements en Tunisie, en Moldavie, en Inde, en Chine ou au Bangladesh pour réduire au maximum les coûts de fabrication. Souvent au détriment du bien-être des employés : en avril 2013, l'immeuble Rana Plaza s'effondrait à Dacca au Bangladesh, faisant plus de 1100 morts. Ils étaient pour beaucoup employés pour Primark. Ils n'avaient pas eu le droit de quitter l'immeuble malgré les alertes sur des fissures dans les murs. Primark a versé 14 millions de dollars d'indemnités aux victimes.
"Les ouvriers bangladais sont les moins bien payés au monde, on sait que c’est le coût qui motive les multinationales, expliquait en avril dernier Nayla Ajaltouni, du collectif Ethique sur l'étiquette, à Libération. Elles ne peuvent pas nier la connaissance des risques et jouer les naïves." Pourtant, Primark a rapidement réagi après l'effondrement de l'immeuble. "Primark s’est montré très empathique. Il a immédiatement reconnu qu’il sous-traitait dans cette usine et a décidé d’indemniser les victimes," reconnaissait Nayla Ajaltouni à l'époque.
Dénonciations des conditions de travail
Mais des plaintes d'employés se sont aussi élevés contre les conditions de travail dans les enseignes françaises. A Créteil, une trentaine de salariés se sont mis en grève en janvier 2016 pour demander des augmentations de salaires (en général, le SMIC pour un employé de base). En Angleterre, de mystérieuses plaintes avaient été retrouvées sur les étiquettes des vêtements.
@Primark pic.twitter.com/y2FjOqJY1v
— Rebecca Jones ♡ (@RebeccaJones92) 24 juin 2014
"Des conditions dégradantes d'atelier d'exploitation"
Primark assure pour sa part dans son code de conduite qu'il garantit « des salaires décents, conformes aux normes nationales » et des durées de travail « non excessives ». Des affirmations qui pourront être vérifiées au Primark de Strasbourg dès fin 2018.
Léa Picard