L'affaire a été jugée en comparution immédiate au Palais de Justice de Strasbourg. Crédit : Mina Peltier
Au Palais de Justice de Strasbourg, un réfugié russe a été condamné mercredi à sept mois d’emprisonnement.
Le ciel s’obscurcit à peine lundi 25 septembre lorsque des membres des forces de l’ordre, en plein contrôle routier dans le quartier du musée d’Art moderne de Strasbourg, sont intrigués par un quadragénaire au volant de son véhicule. Contrôlé alors qu’il sort d’un parking, ce réfugié russe en France s’avère positif à « toutes les drogues possibles » et est en pleine récidive d’une peine actée en 2021. Sans permis, il est au volant du véhicule de son ami, « dans un pire état que lui ». Deux jours plus tard, en comparution immédiate, il reconnaît chacun des faits, debout derrière la vitre des prévenus.
Condamné en 2021 à trois mois d’emprisonnement, l’homme avait bénéficié d’un aménagement de peine via une période probatoire de deux ans. « C’est dommage, remarque la présidente Isabelle Karolak, vous étiez libéré de la probation dans quelques jours. Vous avez bien compris que quelle que soit la décision de la cour, vous irez en détention ? » La réponse du prévenu : un simple hochement de tête.
« Totalement capable de conduire »
Le père de quatre adolescents, divorcé depuis plusieurs années, revient de deux nuits passées en prison, « une première expérience toujours difficile », relève Me Jennifer Halter, son avocate. Dans son petit gilet gris, il garde la tête basse tandis que son interprète lui traduit discrètement la lecture de son dossier par la présidente.
Les mains jointes, un pouce tripotant distraitement le cordon bleu clair à son cou, l’homme reconnaît d’une voix à peine audible les faits qui lui sont reprochés. Une seule chose le fait tiquer : « Je n’étais pas sur la voie publique, mais dans un parking, où est le problème ? Je n’allais écraser personne. J’étais totalement capable de conduire. » « Bien sûr, après avoir consommé " toutes les drogues possibles ", comme vous dites, c’est une évidence », lui rétorque, ironique, la présidente. Lors de son interpellation, l’homme est testé positif au cannabis, à la cocaïne ainsi qu’aux opiacés. Même sous traitement Subutex, le prévenu reconnaît continuer de consommer des stupéfiants, « incapable » de s’en passer.
« Mon client ira en prison »
Lors de sa plaidoirie, la procureure Marion Desset affirme que le réfugié russe est un « danger pour lui comme pour la société » et demande une peine d’enfermement couplée d’une obligation de soins. L’avocate du prévenu le concède, « il y a peu de suspense, mon client ira en prison ». Son client étant sans logement, sans travail et addict aux stupéfiants, son avocate espère qu’une peine de prison pourrait « le mettre sur le chemin du sevrage ». « Pourquoi pas, même, à l’aider » à trouver sa place dans une société française prête à l’accueillir encore dix ans, comme son titre de séjour l’atteste.
Après cinq minutes de délibérations, la cour condamne le prévenu à quatre mois d’emprisonnement, auxquels s’ajoutent les trois mois de sa condamnation actée en avril 2021 et proclame son maintien en détention « pour prévenir la récidive. » Il lui sera également interdit de passer le permis de conduire pour une période de quatre mois. À l’image de son comportement lors de ces vingt minutes, l’homme acquiesce en silence avant de retourner en cellule.
Écrit par Mina Peltier
Édité par Marine Fersing