D’ici le mois d’avril, les perruques pour les malades d’un cancer seront mieux remboursées par la sécurité sociale. Le ministère de la Santé confirmé ce lundi 4 février, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer : la prise en charge des prothèses capillaires passera de 125 euros à 350 euros.
Pour les patients et les associations de malades, cette nouvelle est un soulagement. Quand en 2004 Gisèle Lerch est diagnostiquée avec un cancer du sein, l’annonce de sa maladie a été un véritable choc pour elle. Très vite, elle perd ses cheveux. « Les cheveux commencent à tomber une quinzaine de jours après la chimiothérapie. Ils tombent d’un coup, par plaques. C’est très douloureux. »
« Ca vous tombe dessus »
De nombreux malades cherchent à se protéger du regard des autres. « En-dehors de mes proches et de ma famille, je ne voulais pas montrer ma maladie à qui que ce soit », confie Gisèle Lerch. Aujourd’hui guérie, elle est bénévole pour l’association Vivre comme avant, qui accompagne des femmes atteintes du cancer du sein. « Le cancer ça vous tombe dessus du jour au lendemain, et beaucoup de personnes veulent conserver leur apparence d’avant. »
Pour de nombreux patients, notamment les jeunes, la maladie est vécue comme un stigmate, et comme une atteinte à la dignité. « D’abord vous apprenez que vous avez un cancer, c’est dur, raconte Gisèle. Et en plus vous perdez vos cheveux ! » C’est la double peine. Et ce d’autant plus pour les femmes, insiste-t-elle : « Beaucoup de femmes malades ne se reconnaissent plus dans le miroir. Si par-dessus le marché le regard des autres lui renvoie un regard gêné impossible pour elle de garder confiance en soi. »
Une double peine alourdie par les coûts qu’elle implique. Car les prothèses capillaires coûtent cher et ne sont pas accessibles à tous les portefeuilles. 120 euros pour une perruque d’entrée de gamme, en fibre synthétique. Et certaines prothèses, en cheveu naturel, se vendent parfois à plus de 1 000 euros. « Dans mon magasin, il faut compter en moyenne 800 euros pour une perruque, explique Sarah Ntela, prothésiste capillaire à Strasbourg, une perruque est un produit de luxe. » Dans sa perruquerie strasbourgeoise, elle ne fabrique que des prothèses haut de gamme. « Les produits les moins chers sont souvent synthétiques, mais ça se voit à des kilomètres que vous portez une perruque. »
Une petite victoire
La hausse annoncée de la prise en charge devrait permettre à de nombreux malades de respirer financièrement. « Le traitement du cancer est pris en charge, mais il y a toujours de nombreux coûts supplémentaires, pour traiter des problèmes de peau, des ongles, et acheter des perruques », explique Hélène Steiner, assistance sociale au comité du Bas-Rhin de la Ligue contre le cancer. Pour la Ligue contre le cancer, qui demande une meilleure prise en charge des coûts depuis des années, la révision de la grille tarifaire des prothèses capillaires est une petite victoire. Désormais, les perruques synthétiques pourront être intégralement remboursées. Pour les prothèses en cheveu naturel, plus chères, la Sécurité sociale prendra en charge jusqu’à 250 euros.
Cette mesure intervient alors que le ministère de la Santé a annoncé dans l’après-midi qu’un rapport sur le troisième Plan cancer, lancé en 2014, serait livré en octobre 2019.
Matthieu Le Meur