De la toux, des allergies, de l'asthme et même des cancers du poumon, tels peuvent être les impacts des particules fines sur la santé. Depuis quelques jours, l'air alsacien est saturé de ces particules. Ce mardi, le niveau dépasse encore le seuil de recommandation de 50 microgrammes/m3 : on mesure jusqu'à 80 microgrammes à Strasbourg, 69 à Colmar et jusqu'à 74 microgrammes dans la région mulhousienne.
Station de l'ASPA pour mesurer la qualité de l'air, au bord de l'autoroute A35. Crédits photo : ASPA
Responsable de ce nouveau pic : le chauffage, mais également le trafic, constate Charles Schillinger, ingénieur à l'ASPA. L'association mesure la qualité de l'air en Alsace à l'aide de plusieurs stations dispersées dans toute la région. Les chiffres montrent que l'impact du trafic sur la pollution n'est pas à négliger :
En cause : les voitures des particuliers, mais surtout les poids lourds. Sur les 25 % d'excédent de pollution enregistré près de l'autoroute A35, un quart est dû aux camions. Charles Schillinger de l'ASPA explique en quoi l'impact des camions sur la pollution de l'air est particulièrement important :
Une réduction du trafic de poids lourds pourrait donc diminuer le niveau de pollution. Or, un dispositif qui visait justement à encadrer le trafic des camions en Alsace se fait attendre : l’écotaxe sur les poids lourds. Depuis deux semaines, on ne sait plus si elle sera mise en place, comme prévu, à partir du mois d'avril : le Sénat a voté la suppression de la phase expérimentale en Alsace qui devrait être lancée trois mois avant l'instauration de la taxe nationale. Cette taxe nationale était initialement prévue pour le mois de juillet. Après le vote du Sénat, elle sera évenuellement reportée à octobre.
Le nouveau report suscite la critique des défenseurs de la taxe alsacienne. Parmi eux, les militants pour la protection de l'environnement. Pour Luc Huber, responsable du secteur « transports » à l'association Alsace Nature, il est temps d'agir :
La taxe alsacienne avait été votée en 2006. A l'origine du dispositif : un report du trafic des camions allemands sur le réseau routier français, à la suite de l'instauration d'une taxe poids lourds outre-Rhin. Mais la taxe alsacienne n'a jamais été mise en place. Le dispositif d'une écotaxe nationale a vu le jour, quant à lui, en 2009, dans le cadre du « Grenelle de l'environnement ». La taxe alsacienne a donc été transformée en période d'essai. Si le Sénat n'est pas contredit par l'Assemblée nationale, cette phase expérimentale sera remplacée par un test à l'échelle nationale qui débutera cet été.
Luc Huber rappelle que les alsaciens attendent depuis huit ans que la taxe soit mise en place dans leur région. Il espère donc que la phase expérimentale sera lancée, effectivement, cet été.
Pour l'instant, la station de l'ASPA située au bord de l'autoroute A35 continue à mesurer un niveau de pollution bien au-délà du seuil recommandé. Mardi soir à 19h, il était à 94 microgrammes/m3.
Änne Seidel