Un individu de 24 ans comparaissait devant le tribunal de Strasbourg mardi 5 février. Il est soupçonné d’avoir fracassé une bouteille sur le crâne d’un homme, à la sortie d’une boite de nuit. Des faits qu’il a niés pendant l’audience, criant au complot.
« Je ne l’ai pas tapé, j’ai rien à voir là-dedans. » Sweat-shirt noir, la barbe soigneusement taillée, A.B, 24 ans, regarde droit dans les yeux le président. Il n’en démord pas, ce n’est pas lui qui, le 15 décembre, a fracassé une bouteille sur le crâne de M.B. « J’étais là dans la boîte, j’ai croisé M.B, mais j’ai pris mon Uber et je suis rentré chez moi ».
Le président esquisse une moue sceptique. « La victime raconte qu’elle a senti un grand coup sur le crâne par derrière. Elle n’a pas vu son agresseur. Mais, selon son ami, présent sur place, ce serait vous Monsieur. Ce témoin vous a reconnu. » Le prévenu, A.B ne cille pas. « Oui, mais ce témoin est le meilleur ami de la victime. »
Il se dit victime d’un complot, d’une vengeance fomentée par une bande adverse.
Un complot dont l’origine remonterait à quelques mois quand A.B a failli se faire tuer à coups de couteaux dans le dos. Son agresseur a été condamné à 10 ans de réclusion. Une peine qui aurait été, selon le prévenu, mal acceptée par le camp d’en face. Et M.B, l’homme blessé cette nuit-là, appartiendrait justement à ce groupe et voudrait se venger. Ce serait un complot « pour me faire replonger », avance le prévenu.
Le procureur ne semble pas croire à la théorie du complot contre A.B. Il juge la parole du prévenu peu digne de confiance. Son avocate a évoqué les zones d’ombre du dossier, pas de réelle enquête auprès du personnel de la boîte, la réticence du témoin à déposer. Il n’a pas convaincu le tribunal : A.B est condamné à 1 an d’emprisonnement, et une révocation du sursis de trois mois, prononcé lors d’une précédente peine.
Marianne Naquet