Un jour hebdomadaire, une heure journalière. C’est le temps d’ouverture que vont perdre les musées de la capitale alsacienne à partir du 3 octobre. La décision a été prise par la municipalité afin de faire face au manque de personnel.
En ce début d'année scolaire, les employés des musées strasbourgeois déplorent la mise en place d'un jour de fermeture hebdomadaire supplémentaire. Photo Cuej.Info / Corentin CHABOT
« Pour une ville qui veut donner la priorité à la culture, ça ne passe pas. » Dans le centre de Strasbourg, au pied de la cathédrale, ce mercredi matin, des employées du Musée de l’Œuvre Notre-Dame fument une cigarette durant leur pause. Quand est abordé le sujet des nouvelles modalités d’ouverture, un malaise se fait sentir : « On n’a pas vraiment le droit de parler de ça », lâche Lorène*. Dans un communiqué, le 31 août dernier, la ville annonçait l’évolution des horaires d’ouverture de ses onze musées municipaux : un jour de fermeture supplémentaire par semaine et une heure par jour, de 13 à 14 heures. Une décision justifiée par le manque de personnel, que les agents des musées peinent à comprendre.
Des compléments de revenus perdus pour les étudiants
Comme l’explique Anne Mistler, adjointe au maire en charge des arts et de la culture, à nos confrères de Télérama, « depuis 2017, il y a eu dix-sept postes d’agent d’accueil et de surveillance supprimés au service des musées ». Pour faire face à cela, la Ville a dû faire appel à des vacataires. Mais pour cette rentrée, la municipalité souhaite réduire l’enveloppe financière que représente leur recrutement. Sans embaucher de nouveaux employés, pas d’autres choix que de fermer davantage les musées.
Au musée de l’Œuvre Notre-Dame, on regrette une décision qui tranche avec la volonté de la Ville de prioriser la culture. Photo Cuej.Info / Corentin CHABOT
« Mais le vrai problème de fond, c’est le manque de personnel. Les départs à la retraite non-remplacés font qu’aujourd’hui on n'est plus assez nombreux », affirme Lorène. Elle poursuit : « Personne n’en parle, mais les vacataires c’est plus d’une centaine de personnes par an. Et pour 80%, ce sont des étudiants, qui vont donc perdre leur complément de revenu. » Ces derniers travaillant souvent entre 12 et 14 heures, la Ville n’aura donc plus à faire appel à eux avec les nouveaux horaires.
« Pour l’instant, on vit au jour le jour »
Dans le hall du Musée des Beaux-Arts, installé au sein du Palais Rohan, Justine*, une employée, se désole : « Ça nous attriste vraiment tous cette réforme. On ne sait pas trop comment ça va se passer. Pour l’instant, on vit au jour le jour. » Pour Iris*, sa collègue, la modification des horaires a aussi un impact sur les 550 000 visiteurs qui déambulent chaque année dans les couloirs des musées strasbourgeois : « Bientôt, un touriste aura une chance sur deux de voir le musée qu’il veut visiter fermé. »
Un préavis de grève a été déposé par la CGT pour le samedi 17 septembre, premier jour des Journées européennes du patrimoine. Dans cet appel, le syndicat s’oppose à la fermeture des musées et réclame notamment le remplacement des personnes parties à la retraite ainsi que le renforcement des équipes par des vacataires. « On y sera toutes, c’est très important pour nous », assure Lorène. Mais cette dernière ne se fait guère d’illusions : « On verra comment ça va évoluer. Ça commence par la culture, mais ça risque de s’étendre vers les autres services », affirme-t-elle.
Corentin Chabot
Édité par Louise Llavori
*Les prénoms ont été modifiés. Soumis à un devoir de réserve par la municipalité, les personnes interrogées n’ont pas souhaité apparaître dans l’article.