Au sein de force africaine au Mali, l'armée nigérienne devra prendre le relais des troupes françaises. Crédits photo : AFP vidéo
Encore un mois. Les troupes françaises devraient commencer à quitter le Mali début mars "si tout se passe comme prévu" a déclaré Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, dans une interview accordée à Métro mardi. Jean-Yves Le Drian l'a répété sur Europe 1 ce mercredi matin : la France "n'a pas vocation à rester". Quatre mille soldats français sont engagés en ce moment sur le terrain, le contingent "maximum" selon le ministre de la Défense.
Qui prendra le relais des troupes françaises à la fin de l'offensive ? Certainement pas l'armée malienne. En 2012, elle a échoué à repousser l'offensive des Touaregs et des djihadistes, fragilisant la chaîne de commandement. Le Mali, en outre, n'a pas une grande armée : au mieux 7 000 soldats pour un territoire équivalent à deux fois la France. Et surtout, elle manque d'équipements et d'organisation.
L'Union européenne entraînera l'armée malienne
C'est pourquoi la résolution de l'ONU, adoptée en décembre 2012, insiste sur la nécessité de former l'armée malienne. Seule l'Europe a répondu présent pour l'instant. Le 17 janvier, le Conseil européen a décidé de mettre en place une mission d'entraînement au Mali. Doté d'un fonds de 12,3 millions d'euros, la mission a un mandat de 15 mois.
C'est un français, le général François Lecointre qui prendra la tête de la mission. A Bamako, jeudi 31 janvier, il avait assuré que les soldats maliens commenceraient leur entraînement "fin mars-début avril". Quatre bataillons de 650 soldats maliens devraient suivre la formation en 2013.
"L’idée est d’aider l’armée malienne à se reconstruire, a expliqué le général Lecointre à RFI. Elle a perdu ses équipements et c’est l’armée d’un pays qui n’est pas riche. Elle a besoin de formation technique pour ses hommes. Et elle a besoin surtout de recréer le lien de confiance qui lui donnera la force morale nécessaire pour partir au combat". Les soldats maliens suivront aussi des cours de droit humanitaire. L'Union européenne espèrent sans doute que les exactions commises par l'armée malienne ne se répèteront pas.
Le soutien de la force africaine
En attendant, le déploiement des 6 000 soldats de la force africaine est loin d'être accompli. Ils sont 2 000 sur le terrain. En plus, un contingent de 2 000 Tchadiens est déployé autour de Kidal, le dernier bastion des islamistes repris le 30 janvier.
Pour Jean-Yves le Drian, la présence de la force africaine doit faciliter cette transition : "4000 Français, 4 000 Africains. Ce qui veut dire que le passage progressif de la présence militaire française à la présence militaire africaine pourra se faire relativement rapidement".
Mais la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), encadrée par la résolution de l'ONU, manque de moyens. Fin janvier, l’Union africaine a demandé le débloquage d'une aide d'urgence et voulait piocher dans le budget des opérations de maintien de la paix des Nations unies.
Autre piste étudiée : la reprise en main de la Misma par l'ONU. Mais même dans ce cas, les casques bleus pourraient être à pied d'oeuvre au mieux "dans trois mois" a confié un diplomate à l'AFP.
Emilie Jéhanno