Alors qu'une mission européenne (EUTM) devrait être opérationnelle « à la mi-mars » au Mali, les députés européens ont profité de la visite de François Hollande au Parlement pour regretter l'absence d'une politique de défense commune.
L'Union européenne a encore brillé par son absence en laissant la France intervenir seule au Mali. C'est le large consensus autour duquel se sont rassemblés les parlementaires mardi dans l'assemblée européenne, face à un François Hollande forcément auréolé dans ce contexte. La visite du président français aux députés européens a mis en lumière la frustration des députés, pour qui la mission européenne de conseil et de formation des forces armées maliennes (EUTM) tarde à se lancer.
"Il faut une véritable défense européenne, la France y est prête. Il est temps d'en finir avec la dispersion des initiatives", a affirmé François Hollande à sa tribune. Applaudi depuis le parti socialiste (PSE) jusqu'à la droite libérale (PPE) pour l'engagement militaire de la France, François Hollande faisait figure d'homme d'action face à "une représentation européenne absente sur la question malienne", selon Daniel Cohn-Bendit.
Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a été implicitement critiquée. "Il nous faudrait un représentant des affaires étrangères digne de ce poste, mais c'est un autre débat", a lancé le député Verts-ALE. C'est un serpent de mer depuis 1999 et la création de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) : certains Etats veulent renforcer la coopération en matière de défense quand d'autres veulent conserver leur souveraineté dans ce domaine, Allemagne et Royaume-Uni en tête.
491 soldats européens au Mali à la mi-mars
De fait, c'est encore la France "nation cadre de l'EUTM" qui mène les opérations. Mardi, le ministère de la Défense a précisé que la mission "pourrait être pleinement opérationnelle à compter du 15 mars prochain mais le premier contingent français pourrait partir dès la fin de la semaine". Cette force, qui n'agira pas sur le terrain mais "formera et conseillera" l'armée malienne, sera conduite par un Français, le général François Lecointre. Il aura sous sa responsabilité 491 personnes, dont 150 Français. "Quinze pays souhaiteraient participer", a indiqué un conseiller de l'Elysée. La Roumanie a par exemple informé qu'elle enverrait dix militaires dans l'EUTM.
Las, les députés européens regrettent leur impuissance dans un dossier géré par un Service européen pour l'action extérieure (SEAE) "qui ne fonctionne pas", selon les mots d'Arnaud Danjean. Le président PPE de la sous-commission parlementaire Défense et sécurité expliquait le 28 janvier à l'Express que "cette administration ne sait pas faire face aux questions sécuritaires et ne s'y intéresse pas". Mardi, son confrère Guy Verhofstadt (ALDE, centristes), a profité de la présence de François Hollande dans l'hémicycle pour élargir le débat avec emphase : "Monsieur le président, vous avez été accueilli en libérateur au Mali, je souhaite que vous le soyez aussi avec vos collègues européens en Syrie." François Hollande s'est bien gardé de répondre.
Anna Cuxac