Le Soudan et le Soudan du Sud, issu de sa partition, ont été invités samedi à assouplir leurs positions respectives dans leur conflit sur le pétrole au lendemain de la signature par les deux pays d'un pacte de non-agression sur leur différend frontalier.
Le Soudan du Sud et le Soudan ont signé, vendredi soir, un traité de non-agression. Premier point de convergence dans des négociations entamées ce même jour, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, sous l'égide de l'Union africaine. En revanche, un accord sur le partage des ressources pétrolières s'annoncent beaucoup plus tendu. Depuis des mois, les deux pays se livrent une guerre du pétrole, sans merci. Le Nord ferme ses oléoducs. Le Sud stoppe sa production. Un point sur le conflit.
Vendredi soir, lors de la signature du traité de non agression entre le Soudan et le Sud Soudan à Addis-Abeba. (AFP)
Mauvaise répartition des richesses sur le territoire
Avant l'indépendance, le Nord et le Sud avaient chacun leur part de travail dans l'exploitation de la manne pétrolière. Le sous-sol du Sud recelait 80% des réserves pétrolières du pays et le Nord, grâce à deux oléoducs, contrôlaient le raffinage et l'exploitation des hydrocarbures.
A son indépendance, proclamée le 9 juillet 2011, le Sud a donc hérité des trois quarts de la production pétrolière de l'ancien Soudan, soit environ 350.000 barils/jour. Mais le jeune pays est contraint d'utiliser les infrastructures du Nord pour exporter.
Désaccord sur les frais de transit
Les négociations sur le partage de la manne pétrolière butent sur les frais de passage que le Soudan réclame sur le brut exporté. Faute d'accord, Khartoum a pour l'instant décidé de se payer en nature. A la fin du mois de novembre, La capitale du Soudan avait annoncé son intention de prélever chaque mois un droit de passage sur les exportations pétrolières sud-soudanaises, correspondant à 23% du pétrole transitant par ses infrastructures. Khartoum a donc depuis, confisqué 1,2 million de barils en provenance du sud et détourné trois navires chargés de 2,2 millions de barils, pour compenser les droits de transit impayés.
Juba a qualifié ces prélèvements de “vol” et a donc stoppé, en représailles, sa production pétrolière.
Un oléoduc en Ethiopie
Parallèlement, le Soudan du Sud cherche à contourner le Soudan pour exporter son brut. Début février, Juba signe un accord de principe avec Addis-Abeba, pour la construction d'un oléoduc capable de transporter son pétrole à Djibouti via l'Ethiopie.
Des entreprises chinoises, américaines et européennes ont montré leur intérêt pour le projet et sont prêtes à mener des études de faisabilité. "Le gouvernement du Soudan du Sud sera propriétaire de l'oléoduc," a indiqué à l'AFP le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin.
Le Soudan et le Soudan du Sud revendiquent chacun la province d'Abyei, en rouge sur la carte.
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Dispute territoriale
La définition des frontières n'est toujours pas réglée entre les deux pays. Plusieurs territoires sont encore contestés, notamment la zone pétrolière d'Abyei qui avait été victime de violents bombardements l'été dernier.
Les deux pays s'accusent également d'entretenir des milices rebelles de chaque côté de la frontière. Les attaques dans ces zones pétrolifères coûtent cher au secteur qui tourne au ralenti. Selon le Soudan du Sud, après le retrait des 1.300 ouvriers soudanais, seuls 300 travailleurs expatriés restent sur les sites. Ceux-ci pourraient tôt au tard se lasser du conflit et de l'insécurité.
Marjorie Lenhardt
Photo d'appel: Norman B. Leventhal Map Center at the BPL