Une vingtaine de manifestants du Nouveau parti anticapitaliste se sont rassemblés ce mardi matin à 8 heures devant le palais de justice de Strasbourg. Ils demandaient la relaxe pour Burak Sayim, un jeune homme poursuivi après s'être interposé lors d'une interpellation, dans le cadre de la lutte contre la loi Travail. L'homme a été condamné. Les militants dénoncent une criminalisation du mouvement social.
Une vingtaine de militants ont manifesté ce matin devant le tribunal de Strasbourg. Crédits : Pierre-Antoine Lefort
Burak Sayim, militant anti-loi travail, a été condamné ce mardi matin à un mois de prison avec sursis, 400 euros de dommages et intérêts à verser à une policière, qui s'était portée partie civile. Craignant une condamnation plus lourde, il ne devrait pas faire appel. Peu avant l'audience, le jeune homme, venu de Turquie pour étudier en France et en master 2 à Paris, craignait que cette affaire ne lui porte préjudice. "J'ai reçu une bourse d'excellence, et là je peux tout perdre. En plus, je dois renouveler ma carte de séjour dans quelques semaines. Ca leur donnerait une excuse pour la refuser."
Une vingtaine d'amis et compagnons de Burak Sayim avait fait le pied de grue ce matin devant le tribunal de Strasbourg, quai Finkmatt, pour demander sa relaxe. Le 9 avril dernier, lors d'une manifestation contre le projet de réforme du code du travail, Burak se serait interposé entre la police et une manifestante, expliquent ses soutiens. Ce qui lui a valu de comparaitre pour "résistance violente contre une personne dépositaire de l'autorité publique". Une pétition de soutien au jeune homme, de nationalité turque, avait pourtant atteint plus de 2600 signatures. Burak Sayim ne comprend pas la raison de sa convocation. "C'est une injustice, j'ai juste cherché à protéger une femme qui demandait de l'aide, indiquait le jeune homme, avant la décision de justice. Ce n'est pas un délit, c'est un réflexe moral, humain", ajoutait-t-il.
Les militants dénoncent une montée de la violence sociale
"A travers le cas de Burak, on dénonce toute la répression sociale, que ce soit ici ou ailleurs", indique Tonio Gomez, venu soutenir le jeune turc, et porte-parole local du NPA. "Ce genre de situations se multiplient, on a bien une dizaine de personnes qui ont été poursuivies depuis le début du mouvement." Mais cela ne découragera pas Maxime, un militant, à participer à la prochaine manifestation contre la loi Travail, le 15 septembre. "Je vais prendre le risque. Cette politique répressive à Strasbourg est démesurée, la violence est nulle ici."
Le 15 septembre, c'est aussi la date du prochain procès contre un opposant à la loi Travail. Appoline, une jeune étudiante strasbourgeoise sera jugée pour "violences volontaires" los de la manifestation du 9 avril dernier. "Mais il y a peut être d'autres personnes dont on est pas au courant", soupire Gilles Dimnet, sécrétaire départemental de la CGT Bas-Rhin. "Beaucoup de personnes passent directement par leurs avocats, et les organisations ne sont pas au courant." Et les militants l'assurent, ils seront dans la rue pour continuer leur combat contre la loi El Khomri.
PIerre-Antoine Lefort