Le gouvernement a annoncé le lancement d'une société minière publique. (CC - Stephen Codrington)
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a confirmé vendredi la renaissance d'une compagnie minière nationale dans un entretien au Parisien. L'État compte investir près de 400 millions d'euros.
L'industrie minière n'appartient plus au passé. Arnaud Montebourg a annoncé vendredi, dans une interview accordée au journal Le Parisien, entre 200 et 400 millions d'euros d'investissements pour lancer une société qui prendra le nom de Compagnie nationale des mines de France (CMF).
Objectif, selon le ministre du Redressement productif : garantir l'approvisionnement en métaux et en terres rares en France : "Un État qui ne maîtrise pas son approvisionnement est soumis aux décisions des autres." Un moyen qu'il juge vital pour protéger les "intérêts nationaux". La dernière entreprise entièrement publique que l'État avait créée remonte à 1993.
Compagnie nationale pour exploitation internationale
Le lithium, utilisé pour les batteries des véhicules électriques, le germanium, qui entre dans la composition de la fibre optique, sont autant de métaux précieux intéressants pour l'État français en ce qui concerne ses objectifs de transition énergétique et de déploiements du réseau. Plus traditionnellement, l'or est évidemment au centre de toutes les attentions.
Cela fait plus de 30 ans que le dernier permis de prospection pour l'or a été délivré en France. Quant aux principaux gisements aurifères français, ils ne se situent pas en métropole, mais en Guyane. Une nouvelle entreprise publique minière aurait donc dans le viseur d'autres continents que la vieille Europe. "Elle accompagnera l'exploitation de nos territoires d'outre-mer, comme en Guyane où sévit un orpaillage sauvage. Là-bas, c'est la loi de la jungle dans le secteur minier. Les pays d'Afrique francophone aimeraient également travailler avec nous plutôt que d'avoir affaire à des multinationales étrangères. Celle-ci, enfin, aura vocation à travailler en Asie centrale et en Amérique du Sud", précise Arnaud Montebourg.
Vers un retour au colbertisme
Va-t-on en direction d'un grand retour de l'État actionnaire ? La situation est assez paradoxale. En lançant son fameux pacte de responsabilité au début de l'année 2014, le gouvernement semblait avoir effectué un véritable virage social-libéral. Pourtant, c'est plutôt un élan de colbertisme, consistant à défendre les intérêts économiques grâce à une intervention de fonds publics, que semble amorcer l'État cette semaine. D'abord son entrée au capital de PSA mardi 18 février, puis l'annonce aujourd'hui du lancement d'une Compagnie nationale des mines de France.
À en croire Arnaud Montebourg, cet investissement est indispensable pour ne pas être dépendant de pays comme la Chine. "Le colbertisme est de retour et c'est un bien. Avec notre nouvelle compagnie minière, nous protégeons nos intérêts nationaux ! Tous les grands pays industriels font de même comme l'Allemagne, la Corée, les États-Unis, le Japon ou la Chine", avance le ministre.
La Compagnie nationale des mines de France sera la treizième société publique détenue exclusivement par l'État français.
Les douze autres sociétés dont l'État est actionnaire à 100 %
Aurélien Lachaud