Le baromètre annuel du Secours populaire, publié mardi, révèle l’augmentation du sentiment de pauvreté et la difficulté croissante pour une partie des Français à se soigner. Camille Veger, directeur de la section du Bas-Rhin, revient sur la situation.
Selon le baromètre du Secours populaire, 83% des Français pensent que leurs enfants ont plus de chance d’être touchés par la précarité que leur génération. Cela vous surprend?
"On s’y attendait. C’est une situation que l’on vit au quotidien tout au long de l’année. A travers nos permanences d’accueil, on a pu s’apercevoir que les demandes augmentaient et que les situations étaient de plus en plus dramatiques. A Strasbourg on se retrouve avec des familles à la rue, des retraités qui viennent nous voir car leur pension ne suffit plus, des travailleurs pauvres qui n’arrivent pas à surmonter les dépenses non prévues… C’étaient des choses que l’on ne voyait plus."
Selon cette étude, 34% des Français ont du mal à financer certains actes médicaux. Comment l'expliquez-vous?
"Ce sont des personnes qui ont très peu de revenus et qui sont déjà obligées de faire des choix dans leurs dépenses. Ils vont privilégier le vestimentaire et l’alimentaire. Des médecins non conventionnés refusent parfois d’accueillir les individus qui n’ont que la couverture maladie universelle parce que les surplus ne sont pas pris en charge. Il y a aussi des prestations qui ne sont pas couvertes. Certaines personnes viennent nous voir car elles ont des dépenses d’achat de lunettes, des soins de dentition qui ne sont pas couverts. Elles reportent à plus tard, leur santé s’aggrave et les coûts augmentent encore."
Que proposez-vous pour les aider?
"On essaie de travailler avec eux, de leur donner des conseils sur les structures vers lesquelles ils peuvent se diriger. On peut aussi, de temps en temps, mettre en place des aides financières sur l’achat de lunettes ou sur des soins. Actuellement, un partenariat est mis en place avec Médecins du monde pour faire des permanences santé, de l’information et de la sensibilisation. Nous travaillons également sur l’alimentation car la santé passe essentiellement par une alimentation variée et équilibrée. Nous avons comme projet de mettre en place un jardin solidaire. Après, on n’a pas les ressources nécessaires. On est toujours en recherche de bénévoles et de moyens financiers. Nous essayons d'ailleurs de mobiliser les personnes qui nous demandent un coup de main pour qu'elles puissent rendre l'appareil."
Les #médecins du SPF sensibilisent et orientent les personnes vers les dispositifs de soins. #SantéPourTous pic.twitter.com/Ns8ts6DdEy
— Secours populaire (@SecoursPop) 6 septembre 2016
Alexis Boisselier