Les vœux des collégiens portent de plus en plus vers les filières en apprentissage. En Alsace, les entreprises proposant ces contrats sont abondantes. Pourtant, d'un côté comme de l'autre, les profils ne correspondent pas.
Le compte à rebours a commencé. Les collégiens alsaciens doivent remettre leur dossier d'orientation pour l'année prochaine dans quelques semaines. Depuis plus de dix ans, en Alsace les élèves sont de plus en plus nombreux à opter pour l'apprentissage : 79 % d'apprentis en plus de 1992 à 2012, selon l'Observatoire régional emploi formation. En contrat avec une entreprise, leur formation est partagée entre la période en centre de formation des apprentis (CFA) et celle en entreprise. Ayant le statut d'apprentis, ils perçoivent une rémunération de 40 % du SMIC soit près de 400 euros, lorsque qu'ils sortent du collège. De son côté l'entreprise bénéficie d'une exonération de charges. Du donnant-donnant.
Fossé entre l'offre et la demande
Pourtant, l'offre et la demande ont du mal à se rencontrer. La filière en apprentissage est dans la plupart des cas, une voie choisie par défaut par les collégiens qui n'ont pas le niveau suffisant pour se diriger en seconde générale. Un véritable problème pour les entreprises qui recherchent de plus en plus des apprentis avec un solide niveau théorique. La maîtrise des nouvelles technologies est désormais presque indispensable. Un fossé qui se creuse donc entre une offre abondante et une demande qui augmente de plus en plus.
L'entreprise de menuiserie et ébénisterie E. Jantzi emploie aujourd'hui 5 apprentis. Elle reçoit beaucoup de candidatures pour un contrat en apprentissage. Pourtant le recrutement est un travail de longue haleine pour Agnès Jantzi, co-gérante de l'entreprise. Les candidats n'ont pas les bases théoriques à la sortie du collège telles que savoir faire une division, savoir lire correctement ou encore maîtriser des notions en géométrie. « Indispensable » pour être menuisier ou ébéniste.
Le monde du travail, un monde inconnu
Se lancer dans le vie professionnelle est aussi un chemin semé d'embûches pour un collégien. Lettres de motivation, entretiens d'embauche et période d'essai sont des étapes qui découragent le plus souvent les élèves de 3ème, habitués à des exercices purement scolaires. « On leur demande de nous envoyer une lettre de motivation manuscrite, il y a déjà une grosse partie de la sélection qui se fait. La plupart ne l'envoie pas », explique Agnès Jantzi.
Victoria Libert, 18 ans, se souvient de cette période où elle devait rendre ses vœux d'orientation. « J'étais perdue. » Ne se jugeant pas assez mûre pour entrer dans la vie active, c'est vers un baccalauréat en art appliqué (STI) qu'elle s'est tournée...avant de reprendre une filière en apprentissage. Sa passion pour le bois a pris le dessus. Mais même armée d'un bac, elle a vu plusieurs portes des entreprises se fermer : on lui reprochait son « manque d'expérience ».
Des rencontres organisées
Plusieurs rencontres sont pourtant organisées par les Centres d'informations et d'orientations. Les chambres de Commerce et d'industrie (CCI) mettent en relation les entreprises et les futurs apprentis. Mais beaucoup de filières sont boudées par les élèves : boucherie, poissonnerie, peintre en bâtiment etc. De l'autre côté, les filières les plus demandées comme la vente, la pâtisserie-boulangerie sont, elles, devenues difficilement accessibles. Les entreprises sont de plus en plus exigeantes. Et préfèrent même recruter des apprentis plus âgés et plus diplômés au détriment des élèves de 3ème.
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Tous les mercredis, les CFA organisent des journées portes ouvertes. Des brochures de l'ONISEP, présentant les lycées et les CFA sont encore disponibles dans les CIO.
Thibaut Cordenier
Adama Sissoko