Une trentaine d'employés et membres de la CGT se sont regroupés devant le site alsacien du constructeur et concessionnaire automobile. Après les résultats exceptionnels du groupe français, ils réclament une hausse des salaires.
La grève a débuté ce mercredi 22 février dès 8 heures sur le site Renault d'Illkirch, Crédit: Joris Bolomey
Les drapeaux floqués CGT sont posés, le barbecue est allumé et la playlist, entre Bella ciao et Porcherie est lancée. La grève peut commencer sur le site de réparation et de vente Renault d'Illkirch. Ce mercredi 22 février, une trentaine de salariés du groupe y participent, certains dès 8 heures, pour réclamer une hausse des salaires. Cette mobilisation fait suite à la publication en février des résultats annuels du constructeur et concessionnaire automobile français pour 2016. Une année exceptionnelle avec un bénéfice annuel en hausse de 20%, à 3,543 milliards d'euros.
Une fois le barbecue allumé, de nouveau grévistes se sont joints à la mobilisation, Crédit Joris Bolomey
Et le site d'Illkirch ne déroge pas au succès, même si les responsables se refusent à toute précision. Selon certains employés, les résultats réalisés par le site seraient même les meilleurs depuis son ouverture en 1986. L'objectif est "d'envoyer un message à la direction, car si on n'a rien maintenant, on n'obtiendra rien demain non plus", précise en référence à ces résultats Ryad, délégué syndical CGT sur le site Renault d'Illkirch.
Pas de hausse des salaires malgré d'exceptionnels résultats
Même s'il y a eu des hausses de primes, "rien n'a été redistribué à l'ensemble des salariés", dénonce Ryad, qui travaille depuis 25 ans sur le site Renault d'Illkirch. A ses coté, merguez au bout des doigts, un gréviste complète : "Le salaire moyen avancé par le groupe est de 2200 euros nets par mois, mais après 26 ans d'ancienneté je dépasse à peine les 1900 euros", bien loin des millions encaissés chaque année par le président du groupe Carlos Ghosn.
Du coté de la direction, on se refuse à tout commentaire sur la mobilisation et les revendications des grévistes. A la tête du site d'Illkirch depuis presque un an, Philippe Labrousse reste courtois mais surtout fuyant devant les questions. "Il comprend nos revendications, reconnaît un gréviste, mais il ne peut rien faire, il a les mains liées par ses supérieurs."
Un gréviste à travers un drapeau CGT Illkirch, Crédit: Joris Bolomey
La préparation des élections en toile de fond
Outre ces revendications salariales, l'objectif de la mobilisation du jour est surtout de faire converger les luttes des ouvriers dans le Bas-Rhin. Des syndicalistes d'autres entreprises sont venus soutenir les grévistes de chez Renault.
"C'est important d'être ici, tous les pauvres sont ensembles", lâche en rigolant Philippe Saarbach, 45 ans, délégué CGT du personnel du fabricant de cloisons amovibles Clestra, au sud d'Illkirch. Et d'enchaîner, plus sérieux : "Il faut commencer à se mobiliser pour que Mélenchon soit élu, le parti socialiste c'est pour les riches, c'est fini plus jamais on votera pour eux."
Maintenir la pression
D'autres actions étaient simultanément organisées par la CGT dans le Bas-Rhin, notamment à l'usine de poêles à bois Supra, à Obernai. Une mobilisation est prévue le 1er mars devant l'Union des industries et métiers de la métallurgie à Eckbolsheim. D'ici là, sur le site Renault d'Illkirch, la grêve sera reconduite demain pendant qu'à plusieurs centaines de kilomètres de là, à Boulogne-Billancourt, au siège du groupe, se tiendront les négociations annuelles obligatoires.
Joris Bolomey