La CGT organise ,mardi, une journée nationale de mobilisation pour l’augmentation du pouvoir d’achat des Français. Le syndicat appelle les “gilets jaunes” à se joindre à la manifestation. A Strasbourg, l’invitation ne fait pas l’unanimité parmi eux.
Les uns défileront avec une chasuble rouge, les autres, avec un "gilet jaune" sur les épaules. Une manifestation nationale est prévue par la CGT, mardi 5 février, dans plusieurs grandes villes françaises, dont Strasbourg.
Après l’acte XII des “gilets jaunes” contre la politique fiscale du gouvernement, la CGT souhaite se faire entendre. «Nous défendons aussi le pouvoir d’achat des Français, explique Jacky Wagner, secrétaire général de la CGT 67. Aussi bien pour les salariés que pour les retraités.»
Les revendications de la CGT sont proches de celles des “gilets jaunes”. Le syndicat aimerait les rallier à son action nationale, mardi.
Depuis plusieurs semaines, la CGT participe déjà aux actions des “gilets jaunes”. Des contacts ont même été noués sur le terrain. «Un représentant de la CGT est venu dans la réunion de notre groupe, mardi dernier, explique Abel Ouali, porte-parole du groupe «Gilets jaunes Alsace tous ensemble». Nous avons finalement décidé d’aller manifester avec eux.» La convergence entre “gilets jaunes” et syndicalistes a aussi du sens pour Michel Fourgon administrateur du groupe facebook “gilet jaune” «Strasbourg république». «Il y a toujours eu des membres de la CGT parmi les “gilets jaunes”, insiste-t-il. Il faut que les gens se regroupent pour gagner le combat pour le pouvoir d’achat.» Selon lui, l’expérience de la CGT pourrait même aider les “gilets jaunes” à mieux sécuriser les manifestations.
Sur le terrain, tout n’est pas idyllique pour autant entre la CGT et les “gilets jaunes”. La peur d’une récupération du mouvement par le syndicat inquiète. «Quand ils viennent manifester le week-end, on leur demande de ne pas venir avec leurs bannières de la CGT, explique Abel Ouali. Ils comprennent, il n’y a pas de problèmes.»
«On a du mal à défiler avec des fascistes»
Sur les réseaux sociaux, l’appel de la CGT ne fait pas l’unanimité parmi les “gilets jaunes”. Certains refusent tout contact dénonçant l’ancrage politique du syndicat. «Il faut éviter toute manifestation avec ces gens là, insiste, sous couvert d’anonymat, le responsable d’un groupe Facebook de plus d’un millier de membres. Ils trahissent les intérêts des salariés, on devrait les bannir des manifestations».
Des critiques que n’accepte pas Jacky Wagner. «Nous ne pouvons pas accepter les slogans sur la baisse des impôts ou les fonctionnaires feignants, se défend-il. Il faut continuer à financer les services publics.»
Lors de l’acte XII, samedi dernier, le syndicat était présent aux côtés des “gilets jaunes”. «Il y a une vraie hostilité, concède Jacky Wagner. Certains refusent toutes les organisations syndicales, c’est compliqué pour nous.» A Strasbourg, la journée a été marquée par les casseurs et des débordements racistes. «On a du mal à défiler à côté de fascistes», fulmine le responsable syndical. Plusieurs communiqués des “gilets jaunes” strasbourgeois ont également dénoncé les violences du week-end.
Le contact entre la CGT et les “gilets jaunes”, se fait principalement par Facebook, où les interlocuteurs restent anonymes. «Nous on représente 12 000 syndiqués dans le département, insiste Jacky Wagner. Le problème avec les représentants des “gilets jaunes”, c’est que certains parlent au nom du peuple mais pour dire ce qu’ils ont envie de dire.» Une situation bancale qui empêche une vraie coordination entre le syndicat historique et le mouvement populaire né sur les rond-points.
La CGT attend 2 500 personnes à Strasbourg mardi. De leur côté les porte-paroles des “gilets jaunes” assurent que plus d’une centaine des leurs se joindront aux syndicalistes.
Thibaut Chéreau