C'est le genre de geste capable d'éteindre un stade tout entier. Une course. Un tacle. Un cri. Et le visage des joueurs alentour blêmit soudainement d'horreur à la vue d'une jambe complètement déstructurée. Les historiens du foot ne comptent d'ailleurs plus ces « tacles assassins ». Quant aux coupables, leur motivation diffère.
Esseyric, le repentant
Ce samedi 2 mars, on jouait la 24e minute quand Valentin Esseyric lança son violent tacle. Mais, en lieu et place du cuir, c'est la jambe de son adversaire que Valentin Esseyric attrapa. Diagnostic : fracture ouverte de la cheville. « C'est trop dur. Les images me hantent. Depuis samedi, j'ai des flashes où je vois la cheville de Clément complètement à angle droit »,a raconté le Niçois dans le quotidien l'Equipe. Le joueur dit même avoir été victime d'un malaise vagal dans les vestiaires juste après l'action. Jeudi, la commission de discipline l'a suspendu 11 matches, mettant un terme à sa saison. Entre temps, le joueur est allé rendre visite à sa victime. « Cela m’a remis d’aplomb, ça m’a remonté le moral car je n’étais pas bien du tout depuis samedi. On a beaucoup parlé (avec Clément), on a passé l’après-midi ensemble. Il m’a dit qu’il y avait plus grave dans la vie », confie-il vendredi à Nice-matin. Et de revenir sur son geste, avec philosophie : « Tout le monde a vu que ce n’était pas un geste intentionnel(...). C’est une erreur qui me fera grandir peut-être. »
Mangane le copain
L'adage est bien connu : l'amitié n'a pas cours sur un terrain de football. En broyant la jambe du Valenciennois Jonathan Lacourt un soir de mai 2009, le Rennais Kader Mangane en a donné l'une des plus belles illustrations. Car les deux hommes se connaissaient bien, pour avoir joué ensemble au RC Lens durant la saison 2007-2008. «C'est un des gars qui m'a le mieux accueilli dans le Nord », avait alors confié le Rennais, peiné. Son ancien coéquipier déclara plus tard ne pas lui en avoir voulu. On n'est pas obligé de le croire.
Martin Taylor, le boucher
Lors de ce Birmingham-Arsenal de février 2008, on ne joue que depuis trois minutes quand Martin Taylor se met au travail. Avec un tacle assené de pleine face, le défenseur anglais découpe littéralement la jambe gauche d'Eduardo, l'élégant joueur d'Arsenal. Khalid Baloch, le médecin du club accouru sur la pelouse, expliqua n'avoir jamais observé une telle blessure. Et avoua qu'il eut alors peur d'avoir à amputer son joueur.
Roy Keane, le vengeur
Le Norvégien Alf-Inge Haland aurait sûrement dû y réfléchir à deux fois avant de soupçonner Roy Keane de simuler une blessure. C'était en 1997, lors d'un Leeds-Manchester United. Et le joueur irlandais s'était vraiment blessé. Quatre ans plus tard, alors qu'il avait depuis été transféré à Manchester City, le Norvégien eut le malheur de recroiser Roy Keane, cette fois en pleine possession de ses moyens. Ce dernier n'avait pas oublié. Et tacla si violemment Alf-Inge Haland qu'il mit fin à sa carrière. Aussitôt expulsé, Roy Keane alla susurrer quelques mots à sa victime, tordue de douleur.
Rémy Dodet