Une centaine de personnes s'est rassemblée pour clamer leurs revendications. Photo : Anna Chabaud
C’est une mobilisation particulière qui s’est tenue dans la cour de l’Ehpad de Neudorf ce mardi 24 septembre : une armée de personnes âgées, en déambulateur ou en fauteuil roulant, a interpellé le nouveau gouvernement sur la dégradation de l’accompagnement des seniors. Accompagné par la direction et le personnel de l’établissement, le mot d’ordre est scandé par les 84 résidents de l’Ehpad : "Les vieux méritent mieux !"
Depuis 3 ans, ce mouvement national vise à informer les pouvoirs publics et les citoyens des difficultés matérielles et financières rencontrées dans le secteur. C’est la première fois que l’Ehpad de Neudorf participe à la mobilisation.
En attente d’une loi ambitieuse pour les personnes âgées
"Notre modèle de financement arrive en bout de course, explique à Webex Fabien Daviau, le directeur de l’établissement. Nous avons un déficit de 200 000 euros pour l’année 2023. Et il sera sans doute plus important cette année." Depuis le Covid, l’augmentation des salaires du personnel n’a pas été compensée par les dotations de l’assurance maladie. Et les tarifs payés par les résidents et leur famille ne suffisent pas à couvrir le déficit.
Le directeur de l'Ehpad Fabien Daviau a expliqué le déficit budgétaire aux résidents. Photo : Anna Chabaud
En Alsace, 94 % des Ehpad sont publics, ou gérés par une association à but non lucratif. C’est le cas de l’établissement de Neudorf, géré par l’Abrapa, une association d’aide à la personne. "Il ne s’agit pas de faire des bénéfices, confie Ludivine Quintallet, conseillère départementale chargée des questions liées à l’autonomie des seniors. On nous a promis une loi Grand Âge en 2017, mais elle a été enterrée par Emmanuel Macron." À la demande des services d’aide aux personnes âgées, cette loi devait permettre la création d’un risque spécifique aux seniors, qui serait financé par les cotisations salariales et patronales. La loi "Bien vieillir" promulguée cette année est loin de remplir cet objectif.
"1 600 euros par mois, ce n’est pas suffisant"
Pour les salariés de l’Ehpad, la mobilisation est aussi l’occasion de réclamer de meilleures conditions de travail. Le manque de personnel est souligné par tous, à chaque instant de la journée : "Si on allégeait nos charges, on aurait plus de temps pour discuter avec les résidents. Certains n’ont pas de famille et ils ont besoin qu’on leur accorde du temps", explique Valérie, aide-soignante.
Côté salaires, il y a encore un manque à gagner, malgré l’instauration de la prime Ségur depuis la pandémie : "1 600 euros par mois, ce n’est pas suffisant, martèle Saba. On veut que le gouvernement nous entende !" Sa collègue Fatim souhaite l’installation de rails dans les chambres des résidents, pour faciliter leur transfert du lit jusqu’au fauteuil. "Même en s’y mettant à deux, c’est lourd, et on a mal partout à force !" C’est au nouveau ministre des Solidarités, Paul Christophe qu’incombe la tâche de s’attaquer à ces problèmes structurels, sur fond de coupes budgétaires et de diminution des effectifs.
Anna Chabaud
Édité par Yanis Drouin