Le pousse-légume est un potager d’intérieur inventé il y a un an et demi. Amoureux de la campagne frustré de se retrouver en appartement, Antony Thirion, a inventé un potager d’intérieur. Le pousse-légume.
Antony Thirion ne semble pas être un garçon pressé. Lui qui a grandi à la campagne connait bien les rythmes de la nature. Il n’aurait jamais pensé devenir entrepreneur. Et pourtant, il a appris les codes du business. Lorsqu’il a inventé le pousse-légume, il était étudiant en pharmacie, à Strasbourg. Il venait de quitter la grande maison familiale à la campagne, son jardin et son potager. Dans son appartement minimaliste, sans balcon, sans espace vert, il déprimait sévère. Et il a fini par se dire que ce trou vacant entre le frigo et le four, il fallait le rentabiliser. C’est comme ça que le pousse-légume est né.
Jusqu’alors entouré d’associés bénévoles sur le projet, Anthony Thirion vient seulement de monter sa société. «C’est tout frais, annonce timidement le jeune entrepreneur. Notre SAS (Société par actions simplifiée), qui s’appelle Rhiz/home, existe depuis deux semaines. Ca y est, on se lance vraiment.»
Un entrepreneur les pieds sur terre
Rhiz/home désigne «la racine des plantes», précise Anthony Thirion. L’idée, c’est de connecter l’ensemble maison avec des appareils dédiés aux végétaux. Fraîchement créée, la start-up voit déjà plus loin que le pousse-légume. L’objectif, «c’est qu’on devienne les spécialistes des solutions écologiques intégrables en cuisine.» Le vocabulaire de l’entrepreneur est parfois très technique. On le fait répéter, sans agacement en retour. Anthony Thirion garde les pieds sur terre. « Je ne pense pas avoir pris la grosse tête, s’amuse-t-il. Chaque jour, je doute de ce qui se passe. Ma journée peut être un échec ou un succès. Alors je vis l’instant présent sur le projet et je ne me soucis pas de ce qui est autour. »
Jamais Anthony Thirion dira qu’il est le meilleur. «Parce que ce n’est pas vrai, répond-t-il simplement. On a un projet qui plait mais je ne peux pas dire qu’il va réussir. On ne sait pas si, finalement, les restaurateurs aujourd’hui enthousiastes vont concrètement acheter le pousse-légume.»
Depuis 2017, il s’en est passé des choses pour ce jeune homme qui se destinait à une carrière de pharmacien. Son pousse-légume a remporté huit récompenses, 50 000 euros, de nombreux soutiens. «C’est pas simple, d’être entrepreneur. J’aurais pu très bien commercialiser un petit produit pas très cher il y a un an. Mais j’ai une vision plus lointaine, je me demande toujours ce qu’on pourrait faire de mieux.»
En quelques mois, il en a parcouru du chemin, ce campagnard amoureux de la nature. «Quand j’ai commencé à développer le projet, je n’ai pas vu la dimension entrepreneuriale: le marketing, la création d’un business plan, la recherche financements, le commerce. Je me suis auto-éduqué. Maintenant je connais tout.» Anthony Thirion joue dans la cour des grands, maintenant. «Et c’est top de pouvoir parler couramment le langage des dirigeants.»
Sophie Wlodarczak