Le Bas-Rhin fait partie des cinq départements qui expérimentent le Pass culture : une enveloppe de 500 euros destinée aux jeunes de 18 ans. Certains acteurs culturels doutent toutefois de sa pertinence.
«Je vais pouvoir tester l’opéra sans me poser la question du prix». Amir, 18 ans, étudiant en licence d’économie et de gestion, fait partie des 2800 jeunes sélectionnés grâce à un formulaire pour tester le Pass culture. Samedi 1er février, il a reçu un mail lui indiquant la voie numérique pour activer son offre.
Via l’application mobile du Pass culture, Amir pourra bénéficier d’offres diversifiées: tickets pour le théâtre national de Strasbourg (TNS), places de concert à la Laiterie, entrées dans des musées, ateliers… Il se verra délivrer une enveloppe de 500 euros pour financer ces découvertes culturelles.
Au-delà des sorties, ce nouvel outil offre également la possibilité aux jeunes d’acheter des objets en ligne, ce qui inquiète les lieux culturels. Les plateformes telles que Netflix ou Spotify ne pourront pas être éligibles. Seule la vente de CD, livre ou DVD sera permise. Elle sera toutefois soumise à un plafonnement établi à 200 euros.
Des acteurs culturels mitigés
Testée par cinq départements au total (l’Hérault, le Finistère, la Guyane, le Bas-Rhin et la Seine-Saint-Denis), cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron questionne les acteurs culturels. Tous n’ont d’ailleurs pas adhéré au système, comme la Ville de Strasbourg qui n’a pas encore créé de compte Pass culture.
«Ce qui est intéressant, c’est que ça démocratise un peu plus la culture. Mais je ne pense pas que les jeunes iront naturellement vers les musées. Ils seront, à mon avis, davantage attirés par les offres musicales», estime Sylviane Hatterer, adjointe au conservateur du Musée historique de la Ville de Strasbourg.
Au contraire, d’autres acteurs espèrent attirer un public plus large. À l’image de Jérémie Fallecker, cofondateur de l’association organisatrice de concerts et d’animations Pelpass : «Ce qui est bien c’est que le pass donne accès à plein de choses. Cela peut nous faire connaître.»
De nombreuses offres déjà disponibles dans l’Eurométropole
À la boutique culture, place de la Cathédrale, les demandes d’informations concernant le Pass Culture sont pour l’instant très timides. Les jeunes viennent davantage pour la «carte atout voir», mise en place par la Ville Strasbourg. Elle permet aux 11-25 ans non étudiants d’obtenir de nombreux avantages dans une quarantaine de sites culturels. La carte culture, destinée aux étudiants, compte quant à elle près de 80 partenaires dont le Musée archéologique de Strasbourg.
Parallèlement, de nombreux lieux culturels ont développé des offres pour conquérir un jeune public. À l’Opéra de Strasbourg, l’un des partenaires pilotes du Pass culture, les moins de 26 ans bénéficient, par exemple, du demi-tarif et des places sont réservées pour les détenteurs de la carte culture. Les places sont donc accessibles à partir de 5 euros.
Le dispositif Pass culture devrait être élargi à tous les Français de 18 ans, soit 800 000 jeunes chaque année, si l’expérimentation remporte un franc succès. Les critères d’évaluation n’ont toutefois pas été rendus publics.
Louise Claereboudt