Selon une étude publiée mercredi par la revue médicale Prescrire, cet anti-vomitif aurait causé entre 25 et 120 morts subites en 2012.
Le Motilium, soupçonné de provoquer des morts subites. (Photo d'illustration Flickr)
Pour soigner les nausées et les vomissements, le Motilium pourrait être une solution... radicale. C'est ce que révèle une étude de la revue Prescrire publiée mercredi, qui soupçonne le médicament d'être à l'origine de 25 à 120 morts subites en France en 2012.
Principalement mis en cause par la revue : la dompéridone, un neuroleptique contenu dans le médicament qui a une "efficacité modeste" contre ces troubles qualifiés de banals, mais qui "augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites".
Toujours selon la revue, environ 7% des adultes ont eu au moins une fois une prescription de ce médicament en 2012. Soit quelques 3 millions de personnes en France âgés de plus de 18 ans, d'après les données de l'Assurance maladie. Pour récolter ces chiffres, Prescrire a étudié l’« échantillon généraliste des bénéficiaires » constitué et régulièrement actualisé par la Caisse nationale d’assurance-maladie. Ces données anonymisées incluent les prescriptions de médicaments dispensées en pharmacie et présentées au remboursement.
La dompéridone dans le viseur de l'institution médicale
En décembre 2011, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait mis en garde contre de possibles effets indésirables de la dompéridone sur le rythme cardiaque. Selon le résumé des caractéristiques du produit disponible sur le site de l’ANSM : « Des études épidémiologiques ont mis en évidence que l’utilisation de la dompéridone peut être associée à une augmentation du risque d’arythmies ventriculaires graves ou de mort subite. Le risque peut être plus élevé chez les patients âgés de plus de 60 ans ou chez ceux traités par des doses quotidiennes supérieures à 30 mg. La dompéridone doit être utilisée à la dose efficace la plus faible chez l’adulte et l’enfant. »
En mars prochain, l'ANSM doit se prononcer sur la dompéridone et sur une éventuelle interdiction ou sur une simple prescription de baisses de doses ou de traitement.
Luc Sorgius (avec AFP)