Depuis plus de trente ans, le club de go de Strasbourg et ses champions contribuent à la popularité locale du jeu de plateau chinois.
Une dizaine de personnes se retrouvent chaque mercredi soir à la Taverne française pour faire une partie de go, un jeu de plateau chinois encore peu connu. L’événement parait anecdotique et pourtant il témoigne de la notoriété du jeu auprès des Strasbourgeois.
Tout a commencé au collège Saint-Etienne, il y a une trentaine d’années. Albert Fenech, professeur de maths et président du club de go de Strasbourg, fait découvrir aux enfants un jeu méconnu : le go. Deux adversaires placent à tour de rôle des pierres sur les intersections d’un plateau quadrillé, avec pour objectif de contrôler un maximum d’espace.
Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaire, il initie, avec un autre membre, entre 250 et 300 enfants. Strasbourg se classe parmi les trois villes qui forment le plus d'enfants, avec Grenoble et Nantes, selon Laurent Coquelet, secrétaire de la Fédération française de go. Pour faciliter les premiers pas, le président du club utilise une méthode de comptage de points légèrement modifiée, dite "méthode strasbourgeoise" et le plateau utilisé est plus petit que le format standard. Ce vivier de jeunes joueurs s’affronte lors d’un concours trimestriel. Le dernier a réuni une cinquantaine de personnes et le prochain devrait avoir lieu le 19 mars au Foyer de l’étudiant catholique.
A droite, un plateau d'initiation pour les débutants. Photo : C.P.
Des joueurs de haut niveau
De grands champions de go ont été formés ici, et il faut savoir qu’ils sont peu nombreux. Comme Antoine Fenech, aussi passionné que son père, ou Thomas Debarre. Le premier a remporté, dès l’âge de neuf ans, le championnat d’Europe des jeunes et il est aujourd’hui capitaine de l’équipe de France. Le second, maintes fois titré, est donné favori pour le prochain tournoi organisé par la Fédération européenne de go en mars. Une récompense prestigieuse puisque seulement quatre joueurs européens bénéficient de ce statut.
Strasbourg a aussi son propre concours international auquel participent des joueurs de très haut niveau et du monde entier. Pas très difficile pour Antoine Fenech de les faire venir puisqu'il les a déjà rencontrés à d'autres tournois. Fan Hui, champion d’Europe et récemment médiatisé pour sa défaite contre l’intelligence artificielle de Google Alphago, a déja participé à certaines éditions.
Antoine Fenech, capitaine de l'équipe de France de go, peut prendre jusqu'à 45 minutes pour jouer un coup important. Photo : C.P
Comme chaque année, la boutique de jeux de société Philibert, située dans le centre-ville de Strasbourg, aménage sa vitrine. “Bien sûr que ça influence nos ventes“, affirme un salarié. Cependant, impossible de parler “d’explosion”, le go restant toujours moins populaire que le jeu de dames ou d'échecs.
Christelle Pravixay