17 ans d'existence, 30 millions de jeux vendus, un titre officiel d' "héroïne humaine de jeux vidéo la plus couronnée de succès" (UK) et une dizaine de jeux vidéos à son effigie: Lara Croft, pilleuse de tombes, est la muse du jeu vidéo moderne. Des gamers les plus acharnés aux pourfendeurs des consoles de salon, l'héroïne fait l'unanimité. La sortie mondiale du dernier opus de ses aventures, éponyme, est l'occasion de revenir sur l'évolution de sa plastique, dont les courbes exacerbées ont longtemps fait débat. A la fois compagne érotique vintage pour adolescents et égérie girl power castratrice et solitaire, miss Croft est une dichotomie permanente, et la version 2013 de la poupée de pixels risque encore de faire parler d'elle.
Car ce Tomb Raider-là romp avec la veine testostéronée de ses prédécesseurs pour nous offrir une version édulcorée et rajeunie de l'aventurière, tout droit sortie des bancs de la fac...et ses attributs en prennent pour leur grade. Les formes perdent en générosité ce que le sex-symbol gagne en charme, la femme fatale s'efface pour nous laisser explorer sa genèse. Oui, toute l'aventure n'est qu'un calvaire permanent pour cette pauvre fille, tour à tour blessée, torturée, perdue, desespérée et trahie, donnée en sacrifice aux joueurs pour mieux pénétrer leur intimité. Pour mieux comprendre, aussi, comment une héroïne s'éveille à l'ombre d'une jeune fille en pleurs. Surprenant et trouble, ce Tomb Raider-là n'est pas là pour flatter l'icône.