Apollonia, une association strasbourgeoise qui promeut les échanges artistiques a obtenu le 17 février, le droit de transformer l'ancien boulodrome de la Robertsau en un jardin partagé, pensé par des artistes.
Tout près de l'Orangerie, du Rhin et du Conseil de l'Europe, l'ancien boulodrome de la Robertsau va renaître en un jardin partagé-artistique. Pensé par l'association Apollonia, ce projet sera la concrétisation d'une utopie de micro-société.
L'idée : donner aux artistes un rôle dans l'agencement de la cité. "Les architectes et les urbanistes aménagent l'environnement, explique Dimitri Konstantinidis, directeur d'Apollonia. Mais force est de constater qu'il y a un malaise et des conflits qui peuvent émerger de ces aménagements". Selon lui "on pourrait laisser une place au rêve, à l'utopie des artistes, au milieu de tous ces tracés très cartésiens."
Ce sont les artistes qui choisiront les graines cultivées, la forme des parcelles et l'esprit du jardin. Des jeunes en service civique -actuellement au nombre de sept- s'occuperont des cultures, épaulés par la famille Hornecker qui fait du maraîchage bio à la Robertsau depuis trois générations. L'ensemble sera ouvert au public et accolé à l'espace d'exposition d'Apollonia qui jouxte la parcelle.
Le 17 février, la ville de Strasbourg a confié à l'association Apollonia le bail de gestion de l'ancien boulodrome de la Robertsau pour trois ans. Photo Théau Monnet
C'est grâce à ce projet qu'Apolonnia s'est vu confier par la ville de Strasbourg le bail de l'ancien terrain de pétanque de la Robertsau. L'association dispose dans un premier temps de trois ans pour tenter l'expérience sur ces 38 ares (38 000 mètres carrés) d'espaces verts, renouvelables si le projet se montre viable.
Les travaux de terrassement débuteront le 1er mars. Dans la foulée, un appel à projet européen sera lancé pour recevoir des propositions d'artistes afin de réaménager le terrain.
Budgétisé à quatre millions d'euros, la moitié du jardin est financée par la Commission Européenne, l'autre moitié par douze villes partenaires d'Apollonia.
L'association lance un appel aux artistes européens pour imaginer l'agencement du futur jardin partagé. Visuel cabinet d’architecture et d’urbanisme Georges Heintz & Associés
Montrer l'exemple du « donnant-donnant »
"En échange de la formation au maraîchage bio, la famille Hornecker pourra avoir un kiosque [de vente] dans le jardin, et les jeunes pourront leur donner un coup de main pour cultiver leurs terres. Les artistes qui font l'aménagement du lieu pourront exposer dans le jardin. A terme, on espère aussi créer des emplois pour nos jeunes, grâce à la vente des produits." C'est cette idée de "donnant-donnant", à la fois politique et philosophique que Dimitri Konstantinidis veut mettre en application à travers ce nouvel espace. Le directeur de l'association se veut optimiste :"Pour l'instant la preuve est là : avec un bon projet, un peu d'insistance et de chance, l'utopie peut se concrétiser."
Théau Monnet