Les célèbres bateaux touristiques strasbourgeois, les Batorama, ont interdiction de naviguer depuis dix jours. En cause : le risque de crue de l'Ill, et la faible hauteur des ponts
Alain Fritsch, responsable commercial de Batorama, constate des crues de plus en plus fréquentes en hiver. Clément Lacaton/CUEJ
"Toujours pas de navigation pour #Batorama à #Strasbourg en raison de la crue de l'Ill." Chaque jour la même rengaine sur le compte Twitter des bateaux promenades de Strasbourg. Pour la direction, le temps commence à se faire long. Cela fait déjà dix jours que les onze Batorama sont stationnés au Port autonome de Strasbourg, et que la société doit appeler ses clients pour annuler les réservations. Le week-end dernier, l'Ill a flirté avec son niveau de crue décennale.
L'hiver 2012-2013 pourrait bien marquer tous les navigateurs strasbourgeois. "C'est la première fois qu'on a une période d'arrêt aussi longue, déplore Alain Fritsch, responsable commercial de Batorama. Des autocars entiers arrivent, et doivent trouver d'autres choses à faire. C'est difficile pour les touristes comme pour nous."
Janvier n'est pas un mois de haute fréquentation. 200 personnes embarquent chaque jour en moyenne. Les conséquences pour la société sont donc moins graves qu'en décembre, qui draine, au plus fort du marché de Noël, entre 2000 et 2500 personnes par jour. Alain Fritsch a encore le mauvais souvenir des quatorze jours sans navigation en décembre dernier.
Pourquoi de si longues périodes d'interdiction de navigation ?
Alain Fritsch a bien remarqué un "gros changement" ces dernières années. "Depuis 2008, il y a beaucoup d'eau en décembre, donc on est constamment en arrêt de navigation." Le niveau d'eau de l'Ill est soumis à celui d'un de ses affluents, la Bruche, rivière vosgienne qui connaît de fortes variations de débit, en fonction des fontes de neige dans le massif.
La décision d'interdiction est prise par les Voies navigables de France, sous tutelle du ministère de l'Ecologie. "C'est essentiellement à cause de la hauteur des ponts, affirme Arnaud Schneider, responsable maintenance à la subdivision Strasbourg Canaux. Il y a deux échelles de mesure, en amont et en aval de l'écluse de la Petite France : la limite est fixée respectivement à 2,20 et 2,80 mètres. Une personne surveille ces échelles chaque matin." À voir certains ponts, il est vrai que le passage des bateaux serait difficile.
La dernière année faste remonte à 2008, avec seulement cinq jours d'interdiction de naviguer, contre douze en 2009 et 2011. On a même compté 38 jours d'arrêt en 2010, année noire. Pendant ces périodes de repos forcé des bateaux, le personnel navigant est affecté à d'autres tâches, comme l'entretien ou la réparation. Pour cette dizaine de salariés, ce n'est n'est pas du temps perdu : Batorama anticipe déjà le retour du printemps, qui attirera entre 3000 et 4000 personnes par jour.
Selon les Voies navigables de France, les Batorama pourront reprendre le chemin des embarcadères lundi prochain. Fort de 800 000 visiteurs par an, c'est la première activité touristique d'Alsace.
Clément Lacaton
Des Batorama au repos forcé dans un entrepôt du Port autonome de Strasbourg. Clément Lacaton/CUEJ